L’idée revient souvent : la glutamine, un acide aminé très présent dans notre organisme, pourrait jouer un rôle dans le syndrome de l’intestin irritable (SII). Certaines études, comme celle de Zhou et al. (Gut, 2019), suggèrent qu’une supplémentation en glutamine aurait contribué à réduire certains symptômes digestifs et à améliorer la perméabilité intestinale. Mais attention : il ne s’agit pas d’une allégation officielle de santé, uniquement d’observations issues de recherches ciblées. En clair, la glutamine intrigue la science, mais ses bénéfices concrets restent encore à confirmer.
- Qu’est-ce que la glutamine ?
- Mécanismes d’action de la glutamine sur l’intestin
- Bienfaits de la glutamine pour l’intestin irritable
- Recommandations sur la supplémentation en glutamine
Qu’est-ce que la glutamine ?
Définition et description
La glutamine fait partie de la famille des acides aminés, ces petites briques qui, comme des perles sur un collier, forment toutes les protéines de notre corps. Ce qui la rend particulière, c’est qu’elle est dite « conditionnellement essentielle ». En d’autres termes, notre organisme en fabrique tout seul en temps normal, mais lors de périodes de stress intense, de fatigue ou d’effort prolongé, la machine peut avoir du mal à suivre. C’est à ce moment-là que l’apport alimentaire ou complémentaire peut faire la différence.
Acide aminé conditionnellement essentiel
Contrairement à la lysine ou la leucine, la glutamine n’est pas « essentielle » en permanence. Mais elle peut le devenir quand les besoins explosent. C’est un peu comme l’eau dans une maison : il y en a toujours qui circule, mais lors d’une canicule ou d’un incendie, la réserve habituelle ne suffit plus. La glutamine joue ce rôle de réserve : discrète mais indispensable dans les moments de tension pour l’organisme.
Rôle dans l’organisme
La glutamine est un véritable couteau suisse métabolique. Elle :
- sert de carburant aux cellules de l’intestin,
- participe à la production de molécules clés comme le glutathion (antioxydant interne),
- transporte l’azote entre les organes,
- fournit les briques nécessaires à la fabrication de nucléotides, ces unités qui composent notre ADN.
Pour donner une image, on pourrait dire qu’elle agit à la fois comme le camion de livraison (qui transporte l’azote), la centrale électrique (qui fournit de l’énergie aux entérocytes, les cellules intestinales) et le chantier de réparation (qui aide à reconstruire ce qui a été endommagé).
Sources alimentaires
La glutamine n’est pas une denrée rare : elle se cache dans de nombreux aliments riches en protéines. On la retrouve en bonne quantité dans la viande (bœuf, poulet, porc), le poisson, les œufs et les produits laitiers. Mais le monde végétal n’est pas en reste : tofu, légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots) ou encore certains légumes comme les épinards et le chou en contiennent aussi. Autrement dit, une alimentation variée et équilibrée suffit généralement à couvrir les besoins de base. Les compléments apportent surtout une dose mesurée et pratique, quand la recherche s’intéresse à leurs effets ciblés sur l’intestin.
Mécanismes d’action de la glutamine sur l’intestin
Participation à la réparation des jonctions serrées
Les parois de notre intestin sont comme des murs faits de briques très serrées : ces briques sont les cellules intestinales, reliées entre elles par ce qu’on appelle des jonctions serrées. Quand ces jonctions se relâchent, le mur devient poreux : on parle alors d’hyperperméabilité intestinale.
Rôle dans la perméabilité intestinale
Selon Rao et al. (Journal of Epithelial Biology and Pharmacology, 2012), la glutamine soutiendrait le maintien de ces jonctions serrées. En cas de carence, elles s’altèrent et laissent passer des molécules indésirables. C’est comme une clôture qui perd ses planches : tout peut s’infiltrer.
À l’inverse, des apports suffisants en glutamine aideraient à renforcer la barrière intestinale et à limiter cette fuite.
Contribution à l’équilibre du microbiote
Une barrière solide ne protège pas seulement contre les intrus, elle crée aussi un environnement plus stable pour le microbiote intestinal.
D’après plusieurs travaux (van der Hulst et al., Lancet, 1993 ; Ramezani Ahmadi et al., Clinical Nutrition, 2019), la glutamine participerait à la régulation de la flore en réduisant les déséquilibres liés au stress ou aux inflammations.
Effet sur l’énergie cellulaire
Les cellules intestinales, appelées entérocytes, ont un carburant préféré : la glutamine. Wu et al. (Journal of Nutrition, 1998) rappellent qu’elle fournit de l’ATP, l’énergie qui alimente leurs fonctions vitales.
Sans ce carburant, ces cellules perdent de leur efficacité. C’est un peu comme des ordinateurs qui ralentiraient faute d’électricité.
Effets anti-inflammatoires de la glutamine
L’intestin irritable s’accompagne parfois d’un état inflammatoire discret mais chronique. Ici encore, la glutamine attire l’attention des chercheurs.
Influence sur les cellules immunitaires
Les lymphocytes et les macrophages, soldats de notre défense immunitaire, consomment énormément de glutamine, parfois autant que de glucose (Newsholme et al., Nutrition, 2003). On pourrait dire qu’ils « carburent » à cet acide aminé. Des apports suffisants permettraient donc de maintenir leur activité, surtout lors d’épisodes de stress digestif.
Réduction des syndromes inflammatoires
Dans plusieurs modèles animaux, une supplémentation en glutamine a montré une diminution de l’expression de cytokines pro-inflammatoires comme TNF-α ou IL-6 (Cruzat et al., Nutrients, 2018).
Ce résultat reste à confirmer chez l’humain, mais il suggère un potentiel rôle de modulation.
Amélioration de la qualité de vie
Certaines études cliniques, notamment menées chez des patients après chirurgie digestive (Wischmeyer et al., Critical Care Medicine, 2014), indiquent que la glutamine pourrait atténuer la réponse inflammatoire systémique et contribuer indirectement à un meilleur confort.
Ici encore, on reste dans l’hypothèse scientifique : les résultats ne permettent pas d’en faire une recommandation généralisée, mais ouvrent la voie à de nouvelles pistes.
Notre L-glutamine BioKyowa® est un acide aminé naturellement présent dans l'organisme. Issue exclusivement de fermentation végétale (maïs non OGM), elle est totalement pure, sans additifs, ni allergènes, parfaitement adaptée aux régimes végans.
Bienfaits de la glutamine pour l’intestin irritable
Soulagement des symptômes du syndrome de l’intestin irritable (SII)
Diminution des douleurs abdominales
Le syndrome de l’intestin irritable se traduit souvent par des crampes et des douleurs abdominales difficiles à gérer au quotidien. Une étude clinique randomisée menée par Zhou et al. (Gut, 2019) a montré qu’une supplémentation de 15 g de glutamine par jour aurait permis de réduire de plus de 50 % le score de sévérité du SII, en particulier dans les formes avec diarrhée.
Cela reste une observation scientifique : les chercheurs ne parlent pas de guérison, mais d’une amélioration perçue des symptômes.
Amélioration de la digestion
Dans la même étude, les patients rapportaient une meilleure satisfaction vis-à-vis de leur transit et moins de gêne dans leurs activités quotidiennes. Les chercheurs suggèrent que cet effet passerait par une réduction de la perméabilité intestinale, limitant ainsi le passage de molécules irritantes dans l’intestin.
On pourrait comparer cela à un filtre à café : quand la membrane est solide, le passage est régulier et maîtrisé ; quand elle est trouée, tout déborde et perturbe le goût.
Contribue à la gestion du stress intestinal
Au-delà des douleurs, le SII s’accompagne souvent d’un stress digestif qui entretient un cercle vicieux. Dans des modèles expérimentaux, la glutamine a montré un effet sur la diminution de certains marqueurs inflammatoires comme CXCL1 (Zhou et al., Gut, 2019 ; Cruzat et al., Nutrients, 2018).
Cela suggère qu’elle pourrait atténuer les réactions excessives de l’intestin en situation de stress, sans pour autant agir directement comme un médicament anti-stress.
Effets sur la santé émotionnelle et mentale
Lien entre intestin et cerveau
On parle de plus en plus de l’axe intestin-cerveau : ce dialogue permanent entre le ventre et le mental. Dans une étude animale (Zhou et al., 2019), la supplémentation en glutamine a été associée à une modulation des niveaux de glutamate et glutamine dans le cortex préfrontal, une zone clé de la régulation émotionnelle.
Cela ouvre l’hypothèse d’un rôle indirect dans la gestion de l’inconfort lié au SII, via ce fameux « deuxième cerveau ».
Impact sur l’énergie et la fatigue
La fatigue est un symptôme souvent rapporté par les personnes touchées par l’intestin irritable. Comme la glutamine est utilisée par de nombreuses cellules comme source d’énergie, certains travaux en nutrition sportive (Lu et al., Journal of the International Society of Sports Nutrition, 2024) la relient à une réduction de la sensation de fatigue après un effort intense.
Même si ces résultats viennent du sport et non du SII, ils illustrent le rôle central de la glutamine dans l’équilibre énergétique global.
Comparaison des approches diététiques
Il existe aujourd’hui plusieurs stratégies pour mieux vivre avec un intestin irritable, dont le fameux régime pauvre en FODMAP.
Cela ne veut pas dire que la glutamine remplace les ajustements alimentaires, mais qu’elle pourrait représenter un complément potentiel dans une prise en charge plus large.
Recommandations sur la supplémentation en glutamine
Modes de supplémentation
Types de suppléments disponibles
La glutamine se trouve en pharmacie, magasins spécialisés ou sur internet sous plusieurs formats :
-
poudre, facile à doser et à mélanger dans une boisson ;
-
gélules ou comprimés, pratiques en déplacement mais moins adaptés aux dosages élevés ;
-
solutions injectables, réservées à un usage hospitalier dans le cadre de la nutrition parentérale.
Pour un usage lié à l’intestin irritable, ce sont surtout les formes orales (poudre ou gélules) qui sont étudiées.
Dosages recommandés
Les recherches cliniques disponibles donnent des repères : l’essai de Zhou et al. (Gut, 2019) a utilisé 15 g par jour en prises orales réparties, avec une amélioration rapportée des symptômes chez certains patients atteints de SII.
Dans d’autres contextes (patients hospitalisés), des doses de 0,2 à 0,26 g/kg/jour de glutamine par voie parentérale ont été testées (Déutz et al., Clinical Nutrition, 2009).
En pratique, il n’existe pas de recommandation officielle pour le grand public : les dosages doivent être adaptés au cas par cas.
Considérations alimentaires
Une étude pharmacocinétique récente (Tran et al., Clinical Pharmacokinetics, 2023) a montré que la prise alimentaire n’altère pas l’absorption de la glutamine. Concrètement, cela signifie qu’elle peut être consommée à jeun ou avec un repas, sans différence notable d’efficacité. L’essentiel reste la régularité de la prise.
Précautions et effets secondaires
Évaluation par un professionnel de santé
Avant de commencer une supplémentation, il est essentiel de consulter un médecin ou un diététicien. Certaines méta-analyses (Heyland et al., Critical Care, 2013) rappellent que l’usage indiscriminé de glutamine en soins intensifs peut être plus risqué que bénéfique.
Autrement dit, mieux vaut un suivi personnalisé qu’une auto-médication.
Effets indésirables potentiels
La glutamine est généralement bien tolérée, mais des effets indésirables peuvent apparaître à fortes doses : nausées, ballonnements, douleurs abdominales ou éruptions cutanées ont été rapportés dans quelques essais.
Dans l’étude multicentrique REDOXS (Heyland et al., 2013), une supplémentation excessive chez des patients dans un état critique a même été associée à une hausse de la mortalité (32 % contre 25 % dans le groupe placebo).
Contre-indications
Certaines situations imposent la prudence, voire l’abstention :
-
insuffisance rénale ou hépatique sévère, car la glutamine peut augmenter la production d’ammoniaque ;
-
pancréatite aiguë ou transplantation de moelle osseuse, où les données sont insuffisantes ;
-
cancers actifs, certaines tumeurs utilisant la glutamine comme carburant (Altman et al., Nature Reviews Cancer, 2016) ;
-
nouveau-nés et jeunes enfants, en l’absence de recul suffisant.
Dans ces cas, l’avis médical est impératif avant toute prise.
FAQ
Quelles recherches existent sur l’utilisation de la glutamine pour le SII ?
La glutamine peut-elle aider à réduire les maux de ventre associés au SII ?
De quelle manière la glutamine influence-t-elle les niveaux d’énergie chez les personnes atteintes de SII ?
Comment évaluer la qualité des suppléments de glutamine pour les problèmes intestinaux ?
- Zhou, Q., et al. (2019). Randomised controlled trial of dietary glutamine supplementation in patients with irritable bowel syndrome
- Rao, R., & Samak, G. (2012). Role of glutamine in protection of intestinal epithelial tight junctions.
- van der Hulst, R. R. W. J., et al. (1993). Glutamine and the preservation of gut integrity.
- Ramezani Ahmadi, A., et al. (2019). Effects of oral glutamine supplementation on intestinal permeability and tight junction proteins in critically ill patients: a randomized controlled trial.
- Wu, G., et al. (1998). Glutamine metabolism in the gut: importance for the intestinal epithelial cells.
- Newsholme, P., et al. (2003). Glutamine metabolism by lymphocytes, macrophages, and neutrophils: its importance in health and disease.
- Cruzat, V., et al. (2018). Glutamine: Metabolism and immune function, supplementation and clinical translation.
- Wischmeyer, P. E., et al. (2014). Glutamine: mode of action in critical illness.
- Heyland, D., et al. (2013). A randomized trial of glutamine and antioxidants in critically ill patients.
- Déutz, N. E. P., et al. (2009). Protein and amino acid requirements during critical illness: review of the ESPEN guidelines.
- Tran, T., et al. (2023). Pharmacokinetics of oral glutamine: influence of food intake.
- Altman, B. J., Stine, Z. E., & Dang, C. V. (2016). From Krebs to clinic: glutamine metabolism to cancer therapy.
- Lu, Y., et al. (2024). Effects of glutamine supplementation on exercise-induced fatigue and immune function: a randomized controlled trial.