Comprendre les dangers de la spiruline, c’est aller au-delà de son image de « super-aliment ». Oui, cette cyanobactérie est riche en nutriments, mais elle n’est pas anodine : des troubles digestifs, des réactions allergiques, des contaminations par toxines ou métaux lourds et plusieurs contre-indications formelles ont été rapportés par l’ANSES. Autrement dit : la spiruline peut être sûre, mais seulement si l’on sait ce que l’on achète et à qui elle s’adresse. Voici les repères essentiels pour comprendre ce qu’elle est, ce qu’elle contient et pourquoi sa qualité conditionne sa sécurité.
- Introduction à la spiruline
- Effets et bienfaits de la consommation de spiruline
- Risques et dangers associés à la spiruline
Introduction à la spiruline
La spiruline est souvent présentée comme un aliment millénaire à la richesse nutritionnelle exceptionnelle. Mais avant de parler bénéfices ou dangers, il faut comprendre sa nature, ses nutriments et son histoire, car c’est précisément là que se trouvent les clés de sa popularité… et de ses limites.
Qu’est-ce que la spiruline ?
La spiruline n’est pas une algue, même si on l’appelle encore parfois ainsi. Il s’agit d’une cyanobactérie du genre Arthrospira, un organisme à mi-chemin entre la bactérie et la micro-algue, capable de photosynthèse. Elle se développe dans des eaux chaudes et alcalines, souvent en lacs naturels ou en bassins de culture.
Visuellement, on la reconnaît à ses filaments spiralés, d’où le nom « spiruline ». Une fois récoltée, elle est pressée, séchée, puis transformée en poudre, comprimés ou gélules. Sa couleur bleu-vert vient de la phycocyanine, un pigment auquel la recherche attribue des propriétés antioxydantes potentielles (Grover et al., 2021).
Comprendre cette nature biologique est essentiel : comme toutes les cyanobactéries, la spiruline peut être contaminée par d’autres espèces productrices de toxines, ou concentrer des métaux lourds présents dans l’eau. C’est ici que s’ancrent une grande partie des dangers identifiés par l’ANSES.
Propriétés nutritionnelles de la spiruline
Si la spiruline séduit autant, c’est d’abord en raison de sa densité nutritionnelle. En moyenne, 100 g contiennent environ 65 g de protéines, une proportion exceptionnelle pour un aliment d’origine microbienne. Elle apporte aussi des vitamines (E, B2, B3, B5, B6, B12 en forme majoritairement inactive), du bêta-carotène, ainsi que de nombreux minéraux et oligo-éléments (fer, magnésium, zinc, manganèse…).
Quelques éléments clés pour comprendre son profil :
- sa phénylalanine est présente en quantité notable (2–3 % du poids sec), un point essentiel pour les personnes atteintes de phénylcétonurie, pour qui la spiruline est déconseillée ;
- sa vitamine B12 est majoritairement une pseudo-vitamine inactive, ce qui signifie que les personnes végétariennes ou véganes ne peuvent pas compter sur elle pour couvrir leurs besoins ;
- sa richesse en bêta-carotène peut, à fortes doses prolongées, contribuer à un excès de précurseur de vitamine A, dimension évoquée dans des études observationnelles comme SU.VI.MAX.
Autrement dit : la spiruline est un concentré de nutriments, mais un concentré qui demande une lecture éclairée pour éviter les surinterprétations et les mauvais usages.
Historique de la consommation de spiruline
L’histoire de la spiruline est ancienne, mais plus nuancée qu’on ne l’imagine. Des populations du Tchad en consommaient déjà sous forme de galettes séchées, tandis que des récits attribuent aux Aztèques une utilisation régulière de cette biomasse riche en protéines.
Sa popularité moderne date des années 1970, portée par l’idée d’un « aliment du futur ». Depuis, sa production s’est mondialisée : la France produit environ 30 tonnes par an, contre plus de 100 000 tonnes au niveau mondial. Cette différence de volume explique pourquoi la majorité des spirulines vendues dans le commerce viennent de Chine, d’Inde ou du Mexique, zones dans lesquelles les conditions de culture et de contrôle peuvent fortement varier.
C’est ce contexte historique qui explique sa situation actuelle : une spiruline très populaire, très disponible, mais dont la qualité dépend fortement du lieu de production, des méthodes de culture et des contrôles sanitaires effectués. Et c’est précisément ce qui conditionnera, dans les sections suivantes, la question centrale : dans quelles conditions la spiruline peut-elle présenter un danger ?
Effets et bienfaits de la consommation de spiruline
Avant d’aborder les dangers de la spiruline, il faut comprendre pourquoi elle suscite autant d’intérêt. Son image de « micro-aliment dense et complet » ne vient pas de nulle part : derrière sa poudre bleu-vert se trouvent des apports nutritionnels réels, parfois utiles dans des contextes bien précis. L’essentiel est de garder en tête une règle simple : ses effets dépendent de la qualité du produit, de la dose, et surtout du profil de la personne qui la consomme.
Protéines et fer dans la spiruline
Lorsque l’on parle de spiruline, on pense immédiatement à ses protéines et à son fer, deux éléments qui expliquent une grande partie de sa popularité. La spiruline renferme naturellement une teneur élevée en protéines, complètes et facilement utilisables par l’organisme. Dans une alimentation parfois irrégulière ou pauvre en sources protéiques variées, cette densité peut représenter un soutien ponctuel intéressant.
Son fer, lui aussi, occupe une place notable. Il est souvent mis en avant dans les compléments alimentaires, et figure parmi les nutriments les mieux représentés dans la spiruline. Pour les bienfaits propres au fer, il contribue à réduire la fatigue, à la formation normale de globules rouges et d’hémoglobine, et au fonctionnement normal du système immunitaire : des allégations strictement encadrées et permises lorsque le nutriment est présent en quantité suffisante.
Autrement dit, ce n’est pas la spiruline en elle-même qui « fait effet », mais les nutriments qu’elle contient. Et leur intérêt réel dépend toujours de l’état nutritionnel de départ. Un exemple concret : une personne avec des apports déjà élevés en fer n’en tirera aucun bénéfice supplémentaire, tandis qu’un apport mal maîtrisé pourrait même devenir problématique dans certains profils (comme les personnes présentant une hémochromatose, pour qui la spiruline est déconseillée).
Effets sur le système immunitaire
La spiruline est régulièrement associée à un « coup de pouce » pour les défenses immunitaires. Cette idée vient en partie de la présence de phycocyanine, un pigment auquel plusieurs travaux attribuent un rôle antioxydant potentiel (Grover et al., 2021). La spiruline aide d’ailleurs à soutenir le système immunitaire, ou encore favorise la résistance de l’organisme, lorsque la qualité du produit est correctement contrôlée.
Il est important de rester précis : ces effets doivent être interprétés comme un soutien général, et non comme une action thérapeutique. Ils ne remplacent ni une prise en charge médicale, ni un bilan de santé. L’ANSES rappelle d’ailleurs que la spiruline peut être contre-indiquée chez les personnes présentant des maladies auto-immunes, car une stimulation immunitaire, même légère, n’est pas souhaitable dans ce cas.
En d’autres termes, la spiruline peut accompagner les fonctions naturelles du corps dans un cadre sain, mais ce soutien dépend entièrement du contexte de la personne qui la consomme. C’est ici que se joue la nuance : un même produit n’aura pas le même sens selon le terrain.
Indications et conseils d’utilisation
L’usage de la spiruline doit être envisagé avec pragmatisme. Elle peut trouver sa place dans plusieurs situations :
- lorsqu’on souhaite compléter une alimentation peu riche en nutriments, notamment dans des régimes végétariens ou pauvres en protéines variées ;
- lors de périodes où l’on recherche un maintien du tonus, puisque certaines allégations autorisées indiquent que la spiruline peut aider en cas de fatigue ou entretenir l’énergie ;
- en accompagnement de phases de vie où l’on veut maintenir une vitalité générale, grâce à son apport en vitamines du groupe B, en fer ou en minéraux essentiels.
Mais ce qui semble simple sur le papier devient moins évident dans la réalité. Deux points clés à garder en tête :
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La qualité détermine tout.
Une spiruline mal produite ou mal contrôlée peut contenir des microcystines, des métaux lourds, ou d’autres contaminants potentiellement dangereux. L’ANSES et plusieurs organismes internationaux insistent sur la nécessité de choisir des filières contrôlées, idéalement avec des certificats d’analyse.
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La progression est indispensable.
Beaucoup des inconforts rapportés (ballonnements, diarrhées, nausées) surviennent lorsque la dose est augmentée trop vite. Commencer avec de très petites quantités, puis ajuster progressivement, est la meilleure manière de tolérer le produit. Et, dans tous les cas, un avis médical est recommandé pour les personnes souffrant de pathologies existantes ou suivant un traitement médicamenteux
Notre spiruline biologique est produite en plein cœur de la Provence, sans chauffage, engrais chimique ou soja sud-américain. Elle est naturellement riche en un puissant antioxydant, la phycocyanine, mais également en protéines, vitamines et minéraux.
Risques et dangers associés à la spiruline
Paradoxalement, c’est souvent lorsqu’on croit bien faire, en cherchant à « renforcer » son organisme ou à combler une fatigue persistante, que la spiruline peut devenir problématique. Les risques ne viennent pas uniquement du produit lui-même, mais aussi de la façon dont il est cultivé, dosé, choisi ou consommé. Dans ses rapports successifs, l’ANSES a recensé des effets indésirables suffisamment documentés pour rappeler une évidence : la spiruline n’est sûre que lorsqu’elle est parfaitement contrôlée, correctement dosée, et adaptée au profil de la personne qui la prend.
Effets secondaires possibles
Les effets secondaires observés avec la spiruline forment un tableau assez cohérent : ils touchent principalement la digestion, la peau, et parfois les fonctions hépatiques ou musculaires. L’ANSES a reçu 49 signalements d’effets indésirables susceptibles d’être liés à sa consommation, dont une dizaine jugés très probables. Ces situations restent rares, mais suffisamment sérieuses pour être prises en compte.
Les premiers effets rapportés sont souvent digestifs, une transition logique avec sa forte densité nutritionnelle. Chez certaines personnes, même en l’absence d’erreur de dosage, la spiruline peut provoquer un inconfort intestinal, une sensation de lourdeur, voire une fatigue inhabituelle après la prise. Cette réaction tient souvent à la manière dont l’organisme s’adapte à une biomasse très concentrée.
L’autre volet, plus rare mais documenté, concerne le foie et les muscles. Des cas d’atteintes hépatiques ou de cytolyse musculaire ont été rapportés, souvent associés à des produits contaminés (métaux lourds, cyanotoxines). Ces effets ne sont pas liés à la spiruline en elle-même, mais à la qualité du produit consommé : un élément central souligné par l’ANSES et par les centres antipoison.
Autrement dit : l’effet secondaire n’est jamais “banal”. Il peut révéler une mauvaise tolérance, une dose trop élevée ou une spiruline mal contrôlée.
Allergies et troubles digestifs
Les manifestations allergiques sont parmi les signaux les plus marquants, même si elles restent peu fréquentes. Plusieurs cas publiés dans la littérature médicale évoquent des urticaires, des crises d’asthme ou encore des œdèmes de Quincke après ingestion de spiruline, certains confirmés par des tests allergologiques identifiant la phycocyanine C comme l’allergène responsable.
Ce n’est pas un détail : cette même phycocyanine, pigment emblématique de la spiruline, peut donc être à la fois un atout nutritionnel et, chez certains profils, un déclencheur d’allergie.
Côté digestion, les signaux sont plus fréquents mais aussi davantage attendus : ballonnements, diarrhées, crampes abdominales, nausées. Ce tableau correspond à ce que l’on observe lorsqu’un organisme reçoit une charge inhabituelle en biomasse végétale ou microbienne. Chez certaines personnes sensibles, la spiruline peut agir comme une sorte de « trop-plein » nutritionnel que le système digestif peine à gérer, surtout si la montée en dose est trop rapide.
Sécurité alimentaire et qualité des compléments
C’est probablement le point le plus déterminant lorsqu’on parle de dangers. La spiruline n’est pas dangereuse par nature, mais elle peut le devenir si elle est mal produite. C’est ce qu’explique clairement l’ANSES, qui met en garde contre deux grands types de contaminations :
• les cyanotoxines, dont les microcystines, substances toxiques produites par certaines cyanobactéries pouvant contaminer les bassins de culture. Elles sont suspectées d’entraîner des atteintes hépatiques, voire des effets neurologiques lorsqu’elles sont présentes à des niveaux élevés.
• les métaux lourds (arsenic, plomb, mercure, cadmium…), que la spiruline a naturellement tendance à accumuler lorsqu’ils sont présents dans l’eau de culture.
Ces contaminations ne relèvent pas d’une fatalité, mais d’un manque de contrôle. La qualité réelle d’une spiruline dépend :
– de l’origine du bassin,
– des contrôles microbiologiques réguliers,
– du suivi des métaux lourds,
– et du respect des normes de production.
Les cas d’intoxication rapportés montrent que les spirulines cultivées en milieux ouverts, sans suivi strict, sont les plus exposées à ces dérives.
C’est d’ailleurs pour cette raison qu’il est recommandé de privilégier les circuit courts contrôlés, les producteurs identifiés, ou encore les spirulines bénéficiant de tests analytiques réguliers, plutôt que des produits anonymes trouvés sur des plateformes internationales. Bref, vive notre spiruline Bio et cultivée en France !
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7938138/
- https://www.sante.fr/decryptage/nos-reponses/quels-sont-les-benefices-et-les-risques-de-la-spiruline
- https://www.anses.fr/fr/content/complements-alimentaires-base-de-spiruline-privilegier-les-circuits-dapprovisionnement-les







































