Spiruline : un réel danger pour le foie ?

La question revient sans cesse, et elle mérite une réponse nette dès les premières lignes : non, la spiruline ne présente pas de danger avéré pour le foie lorsque les doses recommandées sont respectées et que le produit est de qualité contrôlée. Les rares signalements recensés par l’ANSES concernaient surtout des produits contaminés ou des consommations excessives, pas la spiruline elle-même. Autrement dit : ce n’est pas la spiruline qui pose problème, mais ce qui peut se glisser dedans, ou la manière dont on la prend. Le but, ici, est simple : démêler le vrai du faux, en s’appuyant uniquement sur les données que nous avons vues ensemble, sans extrapolation, sans promesse, sans allégation risquée. Juste les faits. 

Qu’est-ce que la spiruline ?

Origine et caractéristiques

La spiruline regroupe différentes cyanobactéries du genre Arthrospira, qui poussent naturellement dans des lacs alcalins chauds, notamment au Mexique, en Afrique subsaharienne ou au Chili. Rien à voir avec une algue au sens botanique strict : ce sont davantage des micro-organismes photosynthétiques, capables de prospérer dans des environnements où peu d’espèces survivent.

Leur structure en filaments hélicoïdaux, leur pigmentation bleu-vert (due à la phycocyanine) et leur croissance très rapide expliquent pourquoi elles sont cultivées aujourd’hui à grande échelle, en bassins ouverts ou sous serre.

Valeur nutritionnelle de la spiruline

La spiruline est surtout connue pour être exceptionnellement dense en nutriments. Selon Santé.fr (2024), 100 g de spiruline contiennent en moyenne :

• 65 g de protéines, avec des acides aminés essentiels ;
  
• des minéraux (fer, magnésium, calcium, zinc, manganèse…) ;
  
• des vitamines du groupe B, de la vitamine E, et du bêta-carotène (précurseur de la vitamine A).
  

Attention toutefois aux illusions : la vitamine B12 présente dans la spiruline est majoritairement une forme inactive, non utilisable par l’organisme humain. C’est un point que beaucoup de consommateurs vegan ignorent et qu’il est important de clarifier.

Enfin, comme beaucoup d’aliments naturels concentrés, la spiruline contient aussi des fibres, des enzymes actives, et différents pigments dont la fameuse phycocyanine, souvent mise en avant pour son activité antioxydante dans certaines études en laboratoire.

Formes de consommation

On retrouve généralement la spiruline sous trois formes :

• poudre, au goût parfois déroutant, utilisée dans des smoothies ou yaourts ;
  
• comprimés, appréciés pour la facilité de dosage ;
  
• gélules, souvent plus coûteuses à quantité équivalente.
  

Le choix dépend surtout de la tolérance au goût et de la régularité souhaitée. Les comprimés, lorsqu’ils sont compressés à froid et sans enrobage, permettent de conserver la richesse en pigments et en nutriments.

Les bienfaits reconnus de la spiruline

Parler de “bienfaits” demande de la prudence. Certaines propriétés reposent sur des faits nutritionnels avérés (richesse en micronutriments). D’autres relèvent d’hypothèses scientifiques, issues de recherches animales ou de petites études humaines.

Propriétés nutritives

La spiruline est avant tout un aliment dense, ce qui explique son intérêt dans les situations où l’alimentation manque de variété ou de nutriments essentiels.

Grâce à sa teneur élevée en protéines, en vitamines B et en minéraux, elle peut contribuer à compléter une alimentation insuffisamment riche, particulièrement dans les régimes végétariens ou vegan (Santé.fr, 2024).

Certaines allégations sont autorisées pour les nutriments qu’elle contient, par exemple :

• les vitamines B2, B3, B5, B6 et B12 contribuent à un métabolisme énergétique normal et à réduire la fatigue ;
  
• le fer contribue à la formation normale des globules rouges et au transport normal de l’oxygène ;
  
• le magnésium contribue au fonctionnement normal du système nerveux et à une fonction musculaire normale.
  

Rôle dans la détoxification

C’est l’un des sujets qui génère le plus de confusion. Beaucoup de sites affirment que la spiruline “détoxifie le foie”. Rien ne permet aujourd’hui de soutenir cela chez l’humain.
Selon Santé.fr et l’ANSES, aucune preuve clinique solide ne montre que la spiruline exerce un effet direct de “détoxification” du foie ou des toxines.

En revanche, certaines études en laboratoire ou chez l’animal montrent que certains pigments de la spiruline, notamment la chlorophylle ou la phycocyanine, pourraient réduire l’impact du stress oxydatif lorsqu’ils sont exposés à des métaux lourds ou à des toxiques (Mohamed et al., 2021 ; Ponce-Canchihuamán, 2022).

Ce sont des travaux exploratoires, qui ne permettent pas d’extrapoler à l’humain.

Effets sur le système immunitaire

La spiruline est souvent présentée comme un soutien pour “les défenses naturelles”.

La phycocyanine est également décrite dans certaines sources comme un stimulant immunitaire, mais cet effet repose essentiellement sur des données précliniques, pas sur des essais humains robustes.

Il est donc acceptable, de dire que la spiruline aide en cas de fatigue, entretient l’énergie...

Dangers potentiels de la spiruline sur la santé

La spiruline est souvent décrite comme un “superaliment”, mais cela ne l’empêche pas d’entraîner des effets secondaires, des réactions allergiques, ou d’être contre-indiquée dans certaines situations. Rien d’alarmant en soi : comme pour n’importe quel aliment très concentré, c’est la dose, la qualité et l’état de santé de la personne qui déterminent l’innocuité. Les données de l’ANSES et de Santé.fr soulignent surtout une réalité simple : la spiruline n’est pas dangereuse en soi, mais elle peut le devenir si elle est mauvaise, contaminée, ou prise dans un contexte inadapté.

Effets secondaires courants associés à la prise de spiruline

Les effets secondaires recensés tournent presque tous autour de trois catégories : digestifs, allergiques, et quelques suspicions hépatiques, qui n’ont pas été confirmées par l’ANSES.

Troubles digestifs

Le premier point de vigilance concerne le système digestif. La spiruline est un aliment très riche : fibres, enzymes actives, minéraux, pigments… chez certaines personnes, cette densité peut provoquer des ballonnements, des douleurs abdominales, voire une diarrhée légère.

Santé.fr rappelle que ces effets faisaient partie des effets indésirables les plus fréquemment signalés entre 2014 et 2017. Rien d’étonnant : lorsque l’on apporte brutalement à l’intestin une matière très concentrée, le microbiote réagit comme on réagirait face à un repas inhabituellement copieux.

Pour limiter l’inconfort, il est recommandé d’augmenter les doses progressivement, le temps que l’organisme s’habitue.

Réactions allergiques

Les réactions allergiques existent, mais elles restent rares. L’ANSES et plusieurs publications rapportent quelques cas documentés : urticaire, angiœdème, voire crise d’asthme, avec une identification de la phycocyanine C comme allergène dans certaines analyses.

Cela ne signifie pas que la spiruline est un allergène fréquent : cela signifie qu’elle peut l’être, comme n’importe quel aliment riche en protéines complexes.

Pour une personne ayant déjà un terrain allergique, les autorités sanitaires recommandent la prudence, ou une éviction totale selon les cas.

Insuffisance hépatique

C’est le point le plus sensible, et celui qui alimente le plus de fantasmes.

Les données officielles montrent que :

• l’ANSES n’a recensé que trois cas de suspicion de cytolyse, cholestase ou hépatite ;
  
• aucun lien direct n’a pu être établi avec la spiruline elle-même ;
  
• plusieurs cas impliquaient des produits contaminés (métaux lourds, microcystines), pas la spiruline propre.
  

Autrement dit : la spiruline, en elle-même, n’a pas été démontrée comme toxique pour le foie.

Le danger vient des spirulines mal contrôlées, cultivées dans des bassins contaminés. Santé.fr rappelle également que certaines spirulines peuvent contenir des cyanotoxines, substances hépatotoxiques produites par d’autres cyanobactéries.

Lorsqu’elle est propre, française ou issue d’un circuit contrôlé, la spiruline n’a pas montré d’effet délétère sur le foie.

Contre-indications et cas où la spiruline est déconseillée

La spiruline n’est pas adaptée à tout le monde. Certaines situations nécessitent de l’éviter ou d’en discuter avec un professionnel de santé.

Personnes atteintes de maladies auto-immunes

La spiruline possède une activité immunostimulante observée dans certaines études précliniques.

Pour cette raison, l’ANSES déconseille son usage chez les personnes atteintes de maladies comme :

• lupus ;
  
• sclérose en plaques ;
  
• polyarthrite rhumatoïde.
  

Dans ces cas, stimuler davantage un système immunitaire déjà hyperactif pourrait théoriquement aggraver les symptômes.

Femmes enceintes et allaitantes

L’ANSES recommande une grande prudence, voire une éviction, pendant la grossesse et l’allaitement, notamment en cas de :

• terrain allergique ;
  
• troubles musculaires ;
  
• pathologie hépatique.
  

Les données disponibles sont trop limitées pour garantir une innocuité totale, ce qui justifie cette recommandation de précaution.

Interactions avec d’autres médicaments

Certaines interactions sont possibles, notamment avec :

• les anticoagulants, en raison de la vitamine K naturellement présente ;
  
• les immunosuppresseurs, car la spiruline pourrait en réduire l’efficacité ;
  
• les antidiabétiques, car certaines sources mentionnent une possible action hypoglycémiante, augmentant le risque d’hypoglycémie si combinée à un traitement.
  

Le message reste simple : si vous êtes sous traitement, avis médical obligatoire avant d’envisager la spiruline.

Consommation de spiruline : risques et précautions

La spiruline est sûre lorsqu’elle est de qualité, bien dosée, et adaptée à la personne qui la consomme. Mais c’est justement ce trio qui manque dans la majorité des problèmes recensés par les autorités sanitaires.

Dosage recommandé

Les recommandations convergent vers un plafond de 5 à 6 g par jour.

Les effets secondaires, digestifs notamment, surviennent surtout lorsqu’on :

• commence trop fort, trop vite ;
  
• dépasse les doses usuelles ;
  
• combine spiruline + autres compléments riches en protéines ou en fer.
  

L’augmentation progressive est l’un des meilleurs moyens d’éviter les inconforts.

Choisir un produit de qualité

C’est probablement le point le plus crucial de tout l’article.

Les risques réels ne viennent pas de la spiruline, mais de ce qu’elle peut accumuler :

• microcystines (cyanotoxines) : potentiellement toxiques pour le foie ;
  
• métaux lourds : plomb, mercure, arsenic, cadmium ;
  
• bactéries ou contaminants résiduels dans des productions mal contrôlées.
  

Les autorités françaises insistent sur l’importance de choisir :

• une spiruline française ou provenant d’un circuit contrôlé ;
  
• des producteurs réalisant des analyses régulières ;
  
• des produits clairement traçables.
  

Ce point explique pourquoi certaines spirulines bio françaises, comme la notre, cultivées sans OGM ni pesticides, sont considérées comme beaucoup plus sûres.