Depuis quelques années, chercheurs et scientifiques explorent sérieusement le lien entre le microbiote intestinal et les troubles de l’humeur. Une récente étude particulièrement intéressante, publiée en 2025 dans General Hospital Psychiatry, s’est justement penchée sur l’efficacité d’une souche précise : Lactobacillus reuteri. Je vous propose donc de comprendre ensemble ce que cette étude révèle.
Une étude qui change la donne : zoom sur Lactobacillus reuteri
Commençons par quelques précisions. Un probiotique, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), est un micro-organisme vivant qui, administré en quantités adéquates, confère un bénéfice santé à l’hôte.
Les probiotiques, souvent des bactéries issues de la fermentation alimentaire (yaourt, kéfir, choucroute…), sont aujourd’hui disponibles aussi en compléments alimentaires.
Mais revenons à nos moutons, ou plutôt à nos bactéries. L’étude réalisée par Cheng et ses collègues en 2025 s’intéresse précisément à Lactobacillus reuteri, une bactérie naturellement présente dans votre tube digestif et dans notre complexe probiotiques et prébiotiques. Les chercheurs ont voulu vérifier si des préparations probiotiques incluant cette bactérie pouvaient avoir un impact réel sur la dépression. Pour cela, ils ont analysé les résultats d’essais cliniques rigoureux sur l’humain et d’expérimentations animales complémentaires.
Ce que révèle l’étude sur Lactobacillus reuteri et la dépression
Une approche originale : combiner essais cliniques et modèles animaux
L’équipe de chercheurs a passé en revue 12 essais cliniques impliquant au total 1258 patients présentant divers symptômes dépressifs. La plupart de ces études ont duré plusieurs semaines, et ont comparé un groupe recevant une combinaison de probiotiques (dont Lactobacillus reuteri) à un groupe recevant un placebo, c’est-à-dire une substance inactive. Pour mesurer l’effet éventuel sur la dépression, les scientifiques ont utilisé des échelles reconnues comme le score HAMD (Hamilton Depression Rating Scale), une évaluation courante dans les études sur la dépression, qui permet de chiffrer précisément les variations des symptômes.
Parallèlement, ils ont étudié neuf expériences réalisées sur des animaux (principalement des souris), pour voir si les résultats étaient cohérents entre humains et modèles animaux. Cette double approche permet de renforcer la crédibilité des observations, car elle associe résultats cliniques réels et explorations biologiques précises.
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Quels résultats ? Une potentielle amélioration des symptômes dépressifs
Les résultats obtenus par les chercheurs sont plutôt intéressants. D’après leurs analyses, les patients recevant les préparations probiotiques contenant Lactobacillus reuteri auraient vu leurs symptômes dépressifs diminuer significativement comparé au groupe placebo. Plus précisément, l’amélioration constatée correspondait à une diminution modérée mais réelle du score de dépression moyen (SMD : -0,44).
Cet effet était plus marqué chez les femmes, chez les personnes âgées de moins de 60 ans, ainsi que chez les patients ayant déjà des symptômes dépressifs au départ.
Concernant les animaux, les résultats étaient également prometteurs : l’administration de mélanges probiotiques incluant Lactobacillus reuteri aurait conduit à une amélioration des comportements de type dépressif chez les souris testées.
Il est important de noter que, selon l’étude, Lactobacillus reuteri seul n’aurait pas suffi à obtenir des résultats significatifs. Autrement dit, les combinaisons de différentes souches probiotiques pourraient être nécessaires pour observer ces effets potentiels.
Quelles hypothèses mécanistiques ?
Vous vous demandez peut-être comment ces bactéries pourraient influencer notre cerveau. Les chercheurs ont proposé plusieurs pistes plausibles pour expliquer ces résultats :
D’abord, il y a la question de l’inflammation intestinale. On sait aujourd’hui que l’inflammation chronique, même légère, pourrait contribuer au développement de troubles dépressifs. Certaines bactéries probiotiques, comme Lactobacillus reuteri, pourraient potentiellement influencer cette inflammation locale, ce qui pourrait, à son tour, avoir un effet indirect sur le cerveau. Toutefois, ces mécanismes restent hypothétiques à ce stade.
Ensuite, il y a le nerf vague, un nerf reliant directement votre intestin à votre cerveau. Certains chercheurs pensent que les probiotiques pourraient moduler les signaux envoyés par ce nerf, influençant ainsi potentiellement l’humeur.
Enfin, il est évoqué l’impact possible des probiotiques sur la production ou la disponibilité de certains neurotransmetteurs, ces molécules indispensables à la transmission des signaux entre neurones (comme la sérotonine ou le GABA).
Faut-il changer son alimentation ?
Où trouve-t-on ces probiotiques ?
Sans tomber dans les promesses miraculeuses non fondées, vous pourriez souhaiter introduire plus régulièrement des aliments fermentés dans votre alimentation quotidienne, comme le kéfir, la choucroute ou encore le kimchi. Ces aliments fermentés contiennent naturellement certaines bactéries intéressantes. Des compléments alimentaires probiotiques existent aussi, comme notre complexe qui est composé de 10 souches différentes dont la souche étudiée par l’étude dont nous vous avons parlé.
Autres stratégies pour soutenir le microbiote
Si l’équilibre du microbiote vous intéresse, retenez que votre flore intestinale apprécie particulièrement la diversité. Une alimentation variée, riche en fibres provenant des fruits, légumes, légumineuses, céréales complètes ainsi que des composés antioxydants comme les polyphénols (présents dans le thé, le chocolat noir, les fruits rouges…) peut favoriser une flore équilibrée. La qualité du sommeil, la gestion du stress et une activité physique régulière modérée contribuent aussi indirectement à maintenir l’équilibre de votre microbiote. Autrement dit, prendre soin de votre santé intestinale pourrait simplement consister à revenir à une alimentation diversifiée et équilibrée, accompagnée d’une hygiène de vie globalement saine.
Et maintenant ? Ce que la recherche continue d’explorer
La recherche dans ce domaine est en pleine expansion. Plusieurs projets sont actuellement en cours, comme l’étude PROMOOD pilotée par le CHU de Besançon, qui explore l’impact éventuel d’un complément associant probiotique, curcumine et glutamine sur la dépression.
Ces recherches visent à confirmer ou à préciser les premiers résultats prometteurs obtenus avec certaines souches probiotiques.
Ce qu’il faut retenir
Si vous deviez retenir une chose de cet article, c’est que certaines bactéries intestinales pourraient influencer indirectement votre humeur, mais les recherches sont encore en cours et les mécanismes précis loin d’être totalement clarifiés. L’étude récente sur Lactobacillus reuteri a révélé des résultats encourageants, mais ceux-ci devront être confirmés par des études futures plus larges. Néanmoins, adopter une alimentation riche en fibres et aliments fermentés, combinée à une bonne hygiène de vie, pourrait constituer une approche prudente pour soutenir l’équilibre de votre microbiote, en attendant que la recherche clarifie définitivement ce lien prometteur mais complexe entre bactéries intestinales et santé mentale.
- https://doi.org/10.1016/j.genhosppsych.2025.05.004
- Food and Agriculture Organization of the United Nations & World Health Organization. (2001). Health and nutritional properties of probiotics in food including powder milk with live lactic acid bacteria (Report of a Joint FAO/WHO Expert Consultation).
- Food and Agriculture Organization of the United Nations & World Health Organization. (2002). Guidelines for the evaluation of probiotics in food.
- World Health Organization. (2024). Depressive disorder (fact sheet).
- Centre hospitalier universitaire de Besançon. Un traitement associant un probiotique peut-il avoir un impact sur la dépression ?