Compléments

Vitamine B12 : bienfaits, rôles et fonctionnement dans l’organisme

Vitamine B12 : bienfaits, rôles et fonctionnement dans l’organisme
Résumer ce contenu avec :

Si vous vous sentez souvent fatigué(e), que votre concentration baisse ou que votre peau devient plus pâle, c’est peut-être le signe qu’il vous manque une vitamine clé : la vitamine B12. Indispensable à la production d’énergie, au fonctionnement normal du système nerveux et à la formation des globules rouges, elle agit comme un maillon invisible mais vital du métabolisme humain.

Qu’est-ce que la vitamine B12 ?

Définition et structure

La vitamine B12, aussi appelée cobalamine, est une molécule fascinante, reconnaissable à son atome central de cobalt, un élément métallique rare dans le monde du vivant. Elle appartient à la famille des vitamines hydrosolubles, celles qui ne sont pas stockées durablement dans l’organisme et doivent donc être apportées chaque jour.

Cette molécule existe sous plusieurs formes : la méthylcobalamine et l’adénosylcobalamine, qui sont les formes naturellement actives dans notre corps, ainsi que la cyanocobalamine (synthétique) et l’hydroxocobalamine, utilisées dans les compléments alimentaires ou en médecine.

On la surnomme parfois la vitamine du tonus, non pas parce qu’elle stimule artificiellement, mais parce qu’elle permet aux cellules de transformer efficacement les nutriments en énergie utilisable.

Importance dans l’alimentation

L’humain ne peut pas fabriquer la vitamine B12 lui-même. Elle est produite uniquement par certaines bactéries, présentes dans le sol ou le système digestif des animaux. C’est pourquoi on ne la trouve naturellement que dans les produits d’origine animale : viandes, poissons, œufs, produits laitiers.

Selon l’EFSA, l’apport adéquat recommandé est de 4 µg par jour pour les adultes, 4,5 µg pour les femmes enceintes et 5 µg pour les femmes allaitantes.

Les personnes suivant une alimentation végétarienne ou végétalienne doivent donc être particulièrement vigilantes : sans sources animales, l’apport en B12 chute rapidement.

D’où l’intérêt des aliments enrichis (boissons végétales, céréales) ou des compléments alimentaires à base de méthylcobalamine.

Les bienfaits de la vitamine B12 pour la santé

Si l’on devait résumer son rôle en une phrase, on pourrait dire que la vitamine B12 soutient tout ce qui permet à notre corps de tenir debout, de penser clairement et de ne pas s’effondrer de fatigue. Derrière cette apparente simplicité se cache un acteur central du fonctionnement cellulaire. Ses effets les plus documentés concernent l’immunité, le système nerveux et, plus largement, l’équilibre mental.

Soutien du système immunitaire

La vitamine B12 contribue au fonctionnement normal du système immunitaire.

Concrètement, elle participe à la production et à la maturation des cellules immunitaires, ces “soldats” chargés d’identifier et de neutraliser les agents pathogènes.

Des travaux scientifiques (Tamura et al., 2019 ; Frontiers in Immunology, 2023) suggèrent en outre que la méthylcobalamine pourrait influencer certains mécanismes de défense : des chercheurs ont observé qu’une supplémentation augmentait l’activité de cellules NK (natural killer) et de lymphocytes T CD8+ chez des patients déficients.

Amélioration de la santé neurologique

Le cerveau est probablement l’un des organes les plus dépendants de la B12. Cette vitamine contribue au fonctionnement normal du système nerveux, notamment parce qu’elle participe à la synthèse de la myéline, cette gaine protectrice qui entoure les fibres nerveuses.

Sans elle, les signaux électriques circulent moins vite : c’est un peu comme si l’isolation des câbles électriques d’une maison se mettait à fondre. On comprend alors pourquoi un déficit prolongé peut entraîner des fourmillements, une perte de sensibilité ou des troubles de coordination.

Plusieurs études (Lindenbaum et al., 1988 ; Shibata et al., 2020) ont montré que les personnes carencées en B12 présentaient des anomalies de conduction nerveuse et des lésions réversibles lorsqu’une supplémentation était mise en place rapidement.

La B12 joue aussi un rôle de cofacteur dans la production de S-adénosylméthionine (SAM), molécule essentielle à la régulation épigénétique et au métabolisme cérébral. En d’autres termes, elle soutient les réactions biochimiques qui permettent au cerveau de rester “connecté”.

Effets sur la santé mentale

La frontière entre le métabolisme et l’humeur est ténue.

Plusieurs études observationnelles ont montré que les personnes ayant un taux sanguin bas de B12 présentaient plus fréquemment des symptômes dépressifs ou anxieux.

Une méta-analyse publiée indique qu’un apport suffisant en B12 serait associé à un risque plus faible de dépression, sans pouvoir toutefois prouver un lien de cause à effet.

Chez des patients âgés souffrant de dépression tardive, une supplémentation intramusculaire à fortes doses (7 500 µg) combinée à un traitement classique a amélioré les taux de rémission (Bodnar et al., 2017).

Ces résultats invitent à la prudence : la vitamine B12 ne soigne pas la dépression, mais elle semble participer à l’équilibre neurochimique et émotionnel en soutenant la production de neurotransmetteurs comme la sérotonine.

Les problèmes de carence en vitamine B12

Une carence en B12 ne survient pas du jour au lendemain. Les réserves du foie permettent souvent de tenir plusieurs années, ce qui explique pourquoi elle passe inaperçue jusqu’à l’apparition de signes parfois sévères.

Symptômes d’une carence en vitamine B12

Les manifestations varient d’une personne à l’autre, mais suivent souvent le même scénario : la fatigue s’installe, la peau pâlit, la mémoire flanche, et les sensations inhabituelles dans les mains ou les pieds deviennent plus fréquentes.

Signes physiques

Sur le plan biologique, la carence se traduit par une anémie mégaloblastique, conséquence directe d’une production de globules rouges défectueuse.

Les symptômes typiques sont une fatigue persistante, une pâleur cutanée, une faiblesse musculaire et parfois des palpitations liées à la baisse du transport d’oxygène.

Certaines personnes rapportent aussi des troubles digestifs légers : perte d’appétit, nausées ou langue douloureuse (glossite). Ces signes, souvent banalisés, sont pourtant des indicateurs précoces d’un manque de cobalamine.

Effets sur le système nerveux

Quand la carence s’installe, ce sont les nerfs qui trinquent. La démyélinisation progressive des fibres nerveuses provoque des fourmillements, une sensation d’engourdissement, parfois des troubles de la marche.

Chez certains patients, on observe une dégénérescence combinée subaiguë de la moelle épinière, décrite depuis plus d’un siècle : une atteinte neurologique grave mais réversible si elle est diagnostiquée à temps (Lindenbaum et al., 1988 ; PMC 3875920).

Troubles cognitifs

Au-delà des manifestations physiques, la carence en B12 peut altérer la sphère cognitive.

Les études montrent une corrélation entre faible statut en B12 et déclin cognitif chez les seniors (Clarke et al., 2019).

Les symptômes peuvent aller de simples trous de mémoire à de véritables modifications du comportement : irritabilité, confusion, voire épisodes dépressifs.

Bonne nouvelle : plusieurs travaux indiquent qu’une supplémentation rapide améliore la concentration et certaines fonctions exécutives, notamment l’attention et la planification mentale, lorsque la carence est corrigée précocement.

Qui est à risque ?

Certaines situations favorisent la baisse du taux de B12, indépendamment du mode de vie.

Groupes de population vulnérables

Les personnes âgées constituent le groupe le plus exposé. Avec l’âge, l’estomac produit moins d’acide et donc moins de facteur intrinsèque, cette molécule indispensable à l’absorption de la B12.

Les personnes souffrant de maladies digestives chroniques (maladie de Crohn, gastrite atrophique, maladie cœliaque) présentent aussi un risque accru, tout comme celles qui prennent sur le long terme des médicaments tels que les inhibiteurs de la pompe à protons (IPP) ou la metformine, connus pour altérer l’absorption de la B12.

Enfin, les femmes enceintes ou allaitantes ont des besoins accrus : un déficit peut affecter le développement neurologique du fœtus, d’où la surveillance systématique pendant la grossesse.

Risques chez les végétaliens et végétariens

La B12 étant absente du règne végétal, les régimes sans produits animaux exposent directement au risque de carence.

Des études récentes (Nutrients 2023 ; MDPI 2024) estiment que jusqu’à la moitié des végétaliens présentent des taux sériques inférieurs aux valeurs de référence. Chez les végétariens, la prévalence reste significative, entre 6 % et 14 % selon les populations.

Certaines personnes compensent partiellement via des aliments enrichis, laits végétaux, céréales du petit-déjeuner, levures nutritionnelles, mais ces apports demeurent souvent insuffisants sans supplémentation.

Besoin d’un apport en compléments

Pour les végétaliens stricts, la supplémentation n’est pas une option mais une nécessité physiologique.

Les études montrent qu’un apport quotidien de 50 à 1000 µg de méthylcobalamine par voie orale ou sublinguale permet de maintenir un taux normal de B12 dans le sang.

Les enfants suivant un régime végétalien doivent impérativement être suivis médicalement : un déficit prolongé à cet âge peut compromettre la croissance et le développement cognitif.

Dans certains cas, une hypervitaminose bénigne peut apparaître chez les personnes très supplémentées : elle reste sans danger, la B12 étant hydrosoluble et éliminée naturellement.

Causes de carence en vitamine B12

Maladies du système digestif

L’une des causes les plus fréquentes est l’anémie pernicieuse, une maladie auto-immune dans laquelle l’organisme attaque ses propres cellules gastriques et empêche la production de facteur intrinsèque. Résultat : la vitamine B12 n’est plus absorbée correctement.

Sa prévalence est estimée à environ 0,1 % de la population générale et près de 2 % chez les plus de 60 ans.

Les infections à Helicobacter pylori, la maladie de Crohn ou les suites d’une chirurgie gastrique peuvent également perturber l’absorption intestinale.

Âge et absorption

Avec le temps, la muqueuse gastrique s’amincit : elle produit moins d’acide chlorhydrique et de facteur intrinsèque. C’est ce qu’on appelle la malabsorption alimentaire de cobalamine.

Cette situation, fréquente chez les personnes âgées, conduit à une libération insuffisante de la B12 contenue dans les aliments, surtout lorsqu’ils sont riches en protéines.

Impact du vieillissement sur la digestion

L’hypochlorhydrie (faible acidité gastrique) liée à l’âge ou à certains traitements médicamenteux empêche la libération de la vitamine B12 des protéines alimentaires.

Les IPP, par exemple, utilisés pour réduire les brûlures d’estomac, peuvent à long terme diminuer significativement l’absorption de B12 et élever les taux d’homocystéine, marqueur indirect de déficit.

C’est pourquoi, passé 60 ans, un bilan sanguin régulier est recommandé : il permet de détecter une éventuelle carence avant qu’elle ne provoque des dommages neurologiques irréversibles.

Sources alimentaires de la vitamine B12

La vitamine B12 ne se cache pas partout. Seuls quelques aliments, principalement d’origine animale, en contiennent naturellement. C’est ce qui explique pourquoi certaines personnes, en particulier les végétaliens, peuvent se retrouver en déficit. Comprendre où la trouver et comment garantir un apport suffisant est donc essentiel pour éviter la fatigue chronique ou les troubles nerveux liés à une carence.

Aliments riches en vitamine B12

Produits d’origine animale

La B12 se trouve presque exclusivement dans le règne animal. Viandes, œufs, produits laitiers : tous ces aliments sont issus d’animaux dont les bactéries intestinales produisent la vitamine. C’est cette particularité qui rend la B12 indispensable mais difficile à obtenir pour ceux qui ont supprimé ces produits de leur alimentation.

Les abats sont parmi les plus concentrés : le foie de bœuf ou de veau peut fournir plusieurs centaines de microgrammes pour 100 g. Mais pas besoin d’en abuser : une alimentation variée suffit largement. Un œuf, un peu de fromage ou un yaourt nature apportent chacun une petite quantité, et ces apports cumulés assurent un bon équilibre.

La viande rouge, les volailles et certains fromages fermentés constituent donc les piliers traditionnels d’un apport satisfaisant en cobalamine, à condition d’être consommés régulièrement et en quantité raisonnable.

Aliments marins et leur importance

Les produits de la mer représentent une autre source majeure de vitamine B12. Poissons et fruits de mer combinent souvent une forte teneur naturelle et une excellente biodisponibilité, c’est-à-dire une capacité d’absorption élevée par l’organisme.

Poissons et fruits de mer

Parmi les plus riches : le thon, le saumon, les sardines, les maquereaux ou les harengs. Deux portions par semaine suffisent à couvrir les besoins d’un adulte. Les coquillages comme les palourdes, huîtres ou moules sont également très concentrés — un simple plat de moules marinières peut couvrir plusieurs jours d’apport recommandé.

L’avantage des produits marins, c’est qu’ils offrent une combinaison nutritive complète : protéines de qualité, acides gras oméga-3 et vitamines hydrosolubles, dont la fameuse B12. Ils sont ainsi particulièrement intéressants pour ceux qui mangent peu de viande.

Options pour les personnes végétaliennes

Compléments alimentaires

Pour les personnes qui ne consomment ni viande, ni poisson, ni produits laitiers, aucune source naturelle de B12 n’existe dans l’alimentation courante. Il est donc impossible de maintenir un bon statut sans supplémentation.

Les compléments à base de méthylcobalamine ou d’hydroxocobalamine offrent une solution simple et sûre. Ces formes sont directement actives dans l’organisme, contrairement à la cyanocobalamine, qui nécessite une conversion préalable.
Un dosage quotidien de 50 à 1000 µg permet de compenser la moindre absorption intestinale. Comme la vitamine B12 est hydrosoluble, l’excédent est naturellement éliminé : inutile donc de craindre un surdosage.

Une prise matinale à jeun, avec un grand verre d’eau, favorise l’assimilation. Chez les personnes très carencées ou ayant une absorption déficiente, les professionnels de santé peuvent recommander des formes injectables.

Sources
  • Tamura, J., Kubota, K., Murakami, H., Sawamura, M., Matsushima, T., Tamura, T., … & et al. (1999). Immunomodulation by vitamin B12: augmentation of CD8+ T lymphocytes and natural killer (NK) cell activity in vitamin B12-deficient patients by methyl-B12 treatment. Clinical and Experimental Immunology, 116(1), 28–32
  • Cassiano, L. M. G., Cavalcante‑Silva, V., Oliveira, M. S., Prado, B. V. O., Cardoso, C. G., Salim, A. C. M., … & Coimbra, R. S. (2023). Vitamin B12 attenuates leukocyte inflammatory signature in COVID‑19 via methyl‑dependent changes in epigenetic markings. Frontiers in Immunology, 14, 1048790.
  • Lindenbaum, J., Healton, E. B., Savage, D. G., Brust, J. C., Garrett, T. J., Podell, E. R., … & Allen, R. H. (1988). Neuropsychiatric disorders caused by cobalamin deficiency in the absence of anemia or macrocytosis. The New England Journal of Medicine, 318(26), 1720–1728.
  • Markun, S., Gravestock, I., Jäger, L., Rosemann, T., Pichierri, G., Burgstaller, J. M., & et al. (2021). Effects of vitamin B12 supplementation on cognitive function, depressive symptoms, and fatigue: A systematic review, meta‑analysis, and meta‑regression. Nutrients, 13(3), 923.
  • Oki, R., Izumi, Y., Fujita, K., Miyamoto, R., Nodera, H., Sato, Y., … & JETALS Collaborators. (2022). Efficacy and safety of ultrahigh‑dose methylcobalamin in early‑stage amyotrophic lateral sclerosis: A randomized clinical trial.
  • Al Jassem, O., Kheir, K., Ismail, A., Abou‑Abbas, L., Masri, A., Haddad, C., … & Nasrallah, K. (2024). Vitamin B12 deficiency and neuropsychiatric symptoms in Lebanon: A cross‑sectional study of vegans, vegetarians, and omnivores.

En lire plus

Les compléments alimentaires peuvent-ils être remboursés ?
Vitamine B12 carence : Une vitamine invisible, mais essentielle