En janvier 2024, Que Choisir publiait un papier affirmant qu’avalé, le collagène ne servirait à rien de plus qu’une autre protéine, et qu’aucune preuve solide ne justifierait ses promesses pour la peau, les articulations ou les os.
Alors, faut-il vraiment classer le collagène au rayon des illusions ? Pas si vite. Derrière les slogans commerciaux parfois abusifs, la recherche scientifique, notamment des études indépendantes, montre une réalité plus nuancée.
Dans cet article, on met de côté les paillettes marketing pour se concentrer sur les faits. On va regarder ce que disent réellement les essais cliniques, comprendre comment le collagène agirait dans le corps, et surtout replacer ces résultats dans un contexte honnête : ni promesse miracle, ni verdict d’inutilité.
- Ce que Que Choisir affirme sur le collagène
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Analyse point par point
- 1 - « Le collagène est digéré en acides aminés et ne peut pas cibler la peau ou les articulations »
- 2 - « Les rares études disponibles sont mal conduites, sans placebo »
- 3 - « Il n’existe aucune preuve sérieuse d’efficacité sur la peau »
- 4 - « Aucun effet sur les articulations »
- 5 - « Pas de preuve d’effet sur la densité osseuse »
- 6 - « Aucun effet sur les ongles ou les cheveux »
- Les failles méthodologiques de l’article
- Conclusion
Ce que Que Choisir affirme sur le collagène
Dans son article, Que Choisir avance plusieurs arguments pour soutenir que les compléments de collagène seraient inutiles. Les voici :
1. Le collagène ingéré serait digéré comme n’importe quelle protéine
Selon l’article, une fois avalé, le collagène est découpé en acides aminés lors de la digestion, exactement comme une viande ou un œuf. Le corps ne pourrait donc pas l’utiliser spécifiquement pour fabriquer du collagène cutané ou articulaire.
2. Les études disponibles seraient rares et peu fiables
Que Choisir affirme que les rares essais cliniques existants souffrent de faiblesses méthodologiques : petits effectifs, absence de comparaison avec un placebo, données insuffisantes pour tirer des conclusions solides.
3. Aucun bénéfice sérieux n’aurait été prouvé
Toujours selon l’article, aucune donnée robuste ne permettrait de dire que le collagène oral améliore l’état de la peau (rides, élasticité, hydratation), qu’il soulage les douleurs articulaires, qu’il renforce les os ou qu’il a un effet sur les ongles et les cheveux.
4. Les allégations sur la densité osseuse ou l’effet anti-âge seraient infondées
L’article reproche à certains vendeurs de promettre un renforcement de la densité osseuse ou un « effet rajeunissant », en expliquant que ce sont des allégations thérapeutiques interdites pour les compléments alimentaires et qu’aucune preuve scientifique solide ne les appuie.
Analyse point par point
1 - « Le collagène est digéré en acides aminés et ne peut pas cibler la peau ou les articulations »
C’est l’un des arguments phares de Que Choisir : avalé, le collagène serait entièrement découpé en acides aminés simples. Autrement dit, aucun fragment actif n’atteindrait la circulation sanguine, rendant impossible toute action ciblée sur la peau, les articulations ou les os.
La réalité est un peu plus nuancée. Des travaux de pharmacocinétique précliniques (Watanabe et al., 2023) montrent qu’après ingestion de collagène hydrolysé, une partie des fragments protéiques, en particulier certains dipeptides comme proline-hydroxyproline (Pro-Hyp) et hydroxyproline-glycine (Hyp-Gly), traverse la barrière intestinale et circule transitoirement dans le sang.
Dans cette étude, la biodisponibilité orale du Pro-Hyp atteignait 19,3 %, avec une détection réalisée par HPLC-MS/MS, une technique de référence en chimie analytique.
Pourquoi on peut s’y fier
- Pas de financement industriel déclaré
- Méthodologie robuste
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Publication dans une revue à comité de lecture
Dire que le collagène est intégralement réduit en acides aminés est trop catégorique. Des peptides bioactifs, même en faible proportion, pourraient passer dans le sang.
Cela apporte une plausibilité biologique à l’idée qu’une partie du collagène ingéré puisse agir autrement qu’une protéine alimentaire classique.
2 - « Les rares études disponibles sont mal conduites, sans placebo »
L’article avance que les essais cliniques sont peu nombreux et rarement avec placebo.
Or, plusieurs travaux récents viennent contredire cette idée. La méta-analyse de Pu et al. (2023) a recensé 26 essais randomisés contrôlés par placebo (n = 1 721), majoritairement en double aveugle, avec des placebos neutres (maltodextrine, lactose) et aucun financement industriel déclaré.
Même constat dans la méta-analyse de Dewi et al. (2023), portant sur 14 essais (n = 967) centrés sur l’hydratation et l’élasticité cutanée : là encore, la majorité des études sont en double aveugle et utilisent un placebo neutre, sans financement industriel.
Hors du champ de la peau, l’essai de Hull et al. (2021), en double aveugle et contrôlé par placebo, confirme que des RCT bien conduits existent également pour d’autres effets du collagène.
Enfin, la méta-analyse indépendante de Lin et al. (2023), regroupant 4 essais randomisés contrôlés auprès de 507 patients atteints d’arthrose du genou, respecte également tous les critères méthodologiques : double aveugle, placebo neutre, taille d’échantillon correcte, et absence de financement industriel déclaré. Nous reviendrons plus en détail sur ses résultats dans la section consacrée aux articulations.
Ces données montrent clairement que des essais placebo de bonne qualité existent, y compris en dehors de la recherche sponsorisée par l’industrie.
3 - « Il n’existe aucune preuve sérieuse d’efficacité sur la peau »
Selon Que Choisir : Pas de bénéfice cutané prouvé.
La méta-analyse indépendante menée par Dewi et al. (2023), que nous venons de citer juste au-dessus, a compilé les données de 14 essais cliniques randomisés impliquant 967 participants (majoritairement des femmes adultes). Les résultats sont clairs : après 4 à 12 semaines de supplémentation en collagène hydrolysé, dans cette étude, on observe une potentielle amélioration significative de l’hydratation et de l’élasticité cutanée par rapport au placebo (p < 0,05).
Le risque de biais est évalué comme modéré, et, fait notable : aucun financement industriel n’a été déclaré.

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4 - « Aucun effet sur les articulations »
Pour le magazine, la sentence est sans appel : avaler du collagène ne soulagerait en rien la douleur articulaire.
Cependant… Une analyse plus attentive raconte une autre histoire. Une méta-analyse indépendante menée par Lin et al. (2023) a regroupé les résultats de quatre essais cliniques randomisés impliquant 507 patients souffrant d’arthrose du genou.
Les participants ont reçu entre 2 et 10 g/jour de peptides de collagène hydrolysé, sur plusieurs semaines, comparés à un placebo (lactose, maltodextrine). Verdict : une potentielle réduction significative de la douleur par rapport au placebo (différence moyenne standardisée = –0,58 ; p = 0,004).
Il ne s’agit pas d’une disparition totale de la gêne, mais l’effet serait mesurable et reproductible. Et surtout, aucune trace de financement industriel dans cette analyse.
Parler d’« absence totale de preuve » est donc inexact. On peut discuter de l’ampleur réelle de l’effet, mais ignorer ces données revient à passer sous silence des résultats cliniques qui méritent d’être pris en compte, surtout dans un contexte où les options naturelles pour soulager l’arthrose restent limitées.
5 - « Pas de preuve d’effet sur la densité osseuse »
Pour le magazine, le dossier est vide : aucune preuve ne viendrait soutenir l’idée que le collagène améliorerait la densité minérale osseuse (DMO).
Un essai clinique randomisé conduit par König et al. (2018) apporte pourtant des éléments intéressants. 131 femmes ménopausées, toutes en situation d’ostéopénie, ont reçu 5 g/jour de peptides de collagène spécifiques pendant douze mois, ou un placebo à base de maltodextrine. Les mesures de DMO, réalisées en double lecture, révèlent :
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Colonne lombaire : +0,10 point de T-score dans le groupe collagène, contre –0,03 dans le groupe placebo (p = 0,030).
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Col fémoral : +0,09 point de T-score, contre –0,01 pour le placebo (p = 0,003).
Ces résultats s’accompagnent d’une probable amélioration des marqueurs de formation osseuse (P1NP) et d’une moindre progression des marqueurs de résorption.
L’essai a été partiellement financé par GELITA AG, le fabricant de l’ingrédient testé. À ce jour, aucune étude totalement indépendante n’a évalué cet effet, ce qui oblige à se référer à ce travail pour disposer de données cliniques. Cela ne signifie pas que l’effet est inexistant : simplement que les preuves actuelles proviennent de ce type de financement. Et un sponsor industriel n’annule pas en soi la valeur scientifique d’un essai si celui-ci est mené selon les bonnes pratiques cliniques, avec comité d’éthique et publication dans une revue à comité de lecture, comme c’est le cas ici.
Parler d’« absence de preuve » est donc exagéré : les données disponibles montrent un effet mesurable sur la densité osseuse, du moins dans cette population. Mais tant que d’autres équipes, sans lien avec l’industrie, n’auront pas reproduit ces résultats, la prudence reste de mise.
6 - « Aucun effet sur les ongles ou les cheveux »
Pour le magazine, inutile d’y croire : le collagène n’aurait aucun effet mesurable sur la beauté ou la santé des ongles et des cheveux.
Un essai clinique randomisé conduit par Reilly et al. (2024) nuance ce constat. 130 participants (majoritairement des femmes, 40-60 ans) ont reçu pendant 12 semaines soit un placebo, soit 8 g/jour de collagène marin hydrolysé enrichi en vitamine C. Les évaluations, réalisées à la fois par des experts et par auto-questionnaire, montrent :
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Cheveux plus épais : 66,7 % des volontaires du groupe collagène en font état, contre 44,2 % sous placebo (p = 0,02).
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Cheveux plus lisses : 77,1 % vs 55,8 % (p < 0,01).
- Cuir chevelu : amélioration de la desquamation uniquement dans le groupe collagène.
Les rares essais disponibles sur les cheveux et les ongles, tous sponsorisés par des fabricants, rapportent également une croissance plus rapide et une moindre fragilité des ongles.
Mais aucune étude totalement indépendante n’a pour l’instant confirmé ces effets.
Comme pour la densité osseuse, nous sommes donc contraints de nous référer aux données existantes, issues de ce type de financement. Cela ne revient pas à dire que les effets sont fictifs : la méthodologie reste ici robuste (randomisation, double aveugle, groupe placebo) et les résultats publiés dans une revue à comité de lecture.
Les failles méthodologiques de l’article
La lecture de l’article de Que Choisir révèle plusieurs angles morts qui fragilisent ses conclusions.
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Sélection biaisée des sources : aucune mention des essais randomisés indépendants pourtant disponibles dans la littérature scientifique. Les méta-analyses récentes (Pu et al., 2023 ; Dewi et al., 2023) sont tout simplement absentes, alors qu’elles répondent aux critères de qualité méthodologique.
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Analyse méthodologique incomplète : aucun détail n’est fourni sur les critères de sélection des études, l’évaluation du risque de biais ou la pondération des résultats. Certaines données sont présentées sans indication sur la taille des échantillons, la durée de suivi ou la présence d’un groupe placebo, ce qui rend l’interprétation des preuves difficile.
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Confusion entre dénonciation du marketing abusif et invalidation des preuves : l’article mélange deux sujets distincts. Oui, certaines marques promettent des résultats rapides et irréalistes ; mais cela ne signifie pas que l’ensemble des données scientifiques soit à rejeter.
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Mauvaise généralisation : les dérives commerciales d’acteurs peu scrupuleux sont extrapolées à l’ensemble du marché et à la recherche académique, ce qui revient à jeter le bébé avec l’eau du bain.
Conclusion
En résumé, Que Choisir a raison de dénoncer les abus marketing et de rappeler que le collagène n’est pas une potion miracle.
Mais il a tort de balayer d’un revers de main les preuves cliniques disponibles, surtout lorsqu’elles proviennent d’études indépendantes et bien conduites.
Le consommateur a droit à une information complète et équilibrée : connaître à la fois les limites de la recherche et les résultats positifs qui méritent considération.
La meilleure approche reste celle de la décision éclairée :
- analyser les ingrédients et dosages réels,
- comprendre les effets attendus (et leurs limites),
- éviter les promesses spectaculaires sans base scientifique solide.
Chez greenwhey, nous défendons une vision rigoureuse et transparente : juger le collagène non pas sur la base d’opinions ou de raccourcis, mais à la lumière des données scientifiques, toutes les données, qu’elles soient favorables ou non.
- Dewi, F., Indrajaya, T., & Wibowo, D. (2023). Effectiveness of oral collagen supplementation on skin hydration and elasticity: A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. https://www.cureus.com/articles/207671-exploring-the-impact-of-hydrolyzed-collagen-oral-supplementation-on-skin-rejuvenation-a-systematic-review-and-meta-analysis#!/
- König, D., Oesser, S., Scharla, S., Zdzieblik, D., & Gollhofer, A. (2018). Specific collagen peptides improve bone mineral density and bone markers in postmenopausal women—a randomized controlled study. https://www.mdpi.com/2072-6643/10/1/97
- Lin, S., He, L., Guo, Z., He, X., & Xu, J. (2023). Effectiveness of collagen hydrolysate supplementation in the treatment of knee osteoarthritis: A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC10505327/
- Pu, D., Luo, J., Chen, Y., Cui, Y., & Xiao, Y. (2023). Efficacy of oral collagen peptide supplementation in improving skin aging: A systematic review and meta-analysis of randomized controlled trials. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1155/2024/8752787
- Reilly, D. M., Lozano, J., Moran, R., & Hughes, A. (2024). Oral supplementation with marine collagen peptides plus vitamin C improves hair properties and scalp condition in women with self-perceived hair thinning: A randomized, double-blind, placebo-controlled trial. https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/ics.12929
- Watanabe, S., Tsuda, H., & Osawa, T. (2023). https://ift.onlinelibrary.wiley.com/doi/10.1111/1750-3841.16871