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La créatine pourrait-elle prévenir Alzheimer ? Ce que révèle une étude récente

La créatine pourrait-elle prévenir Alzheimer ? Ce que révèle une étude récente

Quand on entend parler de créatine, on pense généralement à la musculation ou aux performances sportives. Pourtant, une étude pilote menée en 2025 par Aaron N. Smith et son équipe ouvre des perspectives nouvelles : la créatine pourrait aussi être bénéfique pour la santé cérébrale, notamment en lien avec la maladie d’Alzheimer.

Qu’est-ce que la créatine ?

La créatine est une molécule naturellement présente dans les muscles et le cerveau, mais également dans certains aliments tels que la viande rouge et le poisson. Sa mission principale est d’aider les cellules à régénérer rapidement leur énergie en rechargeant leur réserve d’ATP (adénosine triphosphate). L'ATP est une sorte de « monnaie énergétique » utilisée par toutes les cellules du corps pour accomplir leurs fonctions. Lorsque les réserves d’ATP diminuent durant un effort intense, ou lorsque le cerveau fait face à une forte sollicitation, la créatine entre en jeu. C’est précisément ce rôle de réserve énergétique rapide qui intéresse particulièrement les chercheurs dans le cadre des maladies neurodégénératives comme Alzheimer, où les neurones souffrent souvent d’un déficit énergétique précoce.

Ce que l’étude a montré concrètement sur Alzheimer

Lors de cette étude, les chercheurs ont donné quotidiennement à 20 patients atteints d'Alzheimer une supplémentation de créatine monohydrate de 20 g par jour pendant 8 semaines. Les résultats sont prometteurs : la supplémentation aurait entraîné une augmentation significative des taux de créatine dans le cerveau (+11 %). Encore plus encourageant, les participants auraient vu leurs capacités cognitives s'améliorer modestement mais significativement dans plusieurs domaines tels que la mémoire de travail et les capacités attentionnelles. En particulier, ils auraient obtenu de meilleurs résultats à des tests comme la reconnaissance orale et le tri d’informations. Attention toutefois : il s’agit d’un petit essai pilote, sans groupe placebo, ce qui limite pour l’instant les conclusions définitives. 

Comment la créatine pourrait-elle exercer ces effets positifs ? L’étude avance une explication intéressante : elle pourrait améliorer la bioénergétique cérébrale, c’est-à-dire la manière dont les cellules nerveuses utilisent et produisent leur énergie. Ce bénéfice serait particulièrement important chez les personnes souffrant d’Alzheimer, car leur cerveau présente souvent un déficit énergétique précoce.

Ce que disent les autres études sur Alzheimer et la créatine

Ces résultats concordent avec plusieurs autres recherches précliniques réalisées sur des modèles animaux. Par exemple, une étude menée par Snow et al. en 2020 sur des souris transgéniques 3xTg (qui développent naturellement des plaques amyloïdes et des accumulations de protéine tau similaires à celles observées dans Alzheimer) suggère qu'une supplémentation chronique en créatine pourrait améliorer leur mémoire spatiale. Ces souris auraient présenté moins d'oligomères amyloïdes toxiques, qui sont associés à la maladie, ainsi qu'une plasticité synaptique améliorée. Cette dernière se traduirait par une meilleure communication entre les neurones.

De même, une étude menée par Mao et al. en 2021 sur des rats soumis à une inflammation cérébrale induite par du lipopolysaccharide (une toxine utilisée pour simuler une inflammation cérébrale intense) indique que la créatine aurait pu améliorer leur mémoire spatiale et leur capacité de reconnaissance d’objets nouveaux. Les chercheurs attribuent ces résultats potentiels à une stimulation des mécanismes cellulaires impliqués dans la formation des synapses, notamment via l’activation de la voie cellulaire mTORC1.

Quel est le bon dosage de créatine ? 

Par ailleurs, concernant la sécurité d’une telle supplémentation, la créatine monohydrate est généralement considérée comme sûre chez les adultes en bonne santé aux dosages habituellement recommandés (3 à 5 g par jour). Cependant, des dosages plus élevés, comme les 20 g par jour utilisés dans l’étude pilote, nécessiteraient un suivi médical approprié, notamment en surveillant la fonction rénale chez les personnes âgées ou fragiles.

En résumé, bien que cette étude soit très encourageante, la prudence reste de mise. Elle ouvre néanmoins des pistes prometteuses et justifie pleinement de nouvelles recherches pour mieux comprendre le rôle potentiel de la créatine pour la prévention ou le soutien dans la maladie d’Alzheimer. Pour l'instant, aucun complément alimentaire, créatine comprise, ne peut prétendre prévenir ou traiter cette pathologie.

Sources : 


Aaron N. Smith et al. (2025). Creatine monohydrate pilot in Alzheimer's: Feasibility, brain creatine, and cognition. Alzheimer's & Dementia: Translational Research & Clinical Interventions.

Snow et al. (2020). Sex-Specific Effects of Chronic Creatine Supplementation on Hippocampal-Mediated Spatial Cognition in the 3xTg Mouse Model of Alzheimer's Disease. Nutrients, 12(11), 3589.

Mao et al. (2021). Creatine Supplementation Upregulates mTORC1 Signaling and Markers of Synaptic Plasticity in the Dentate Gyrus While Ameliorating LPS-Induced Cognitive Impairment in Female Rats


FAQ : 

La créatine est-elle sécuritaire pour tous ?

La créatine monohydrate est généralement bien tolérée chez les adultes en bonne santé, y compris chez les personnes âgées, lorsqu’elle est consommée aux doses usuelles (souvent 3 à 5 g/jour). Les études disponibles,  notamment en nutrition sportive, rapportent peu d’effets indésirables aux doses standard. Néanmoins, des effets transitoires comme de légers troubles digestifs ou une prise de poids liée à une rétention d’eau intracellulaire peuvent survenir. En revanche, elle ne convient pas à tout le monde sans évaluation préalable. En particulier, les personnes souffrant de troubles rénaux, de maladies chroniques ou prenant des médicaments doivent absolument en parler à leur professionnel de santé avant toute supplémentation. Dans l’étude pilote sur Alzheimer (Smith et al., 2025), une surveillance médicale a été mise en place et seuls les participants sans contre-indications ont été inclus.

Quel est le lien entre créatine et fonction rénale ?

La créatine est dégradée en créatinine, un déchet que les reins éliminent via les urines. En cas de supplémentation, le taux de créatinine dans le sang peut augmenter temporairement, sans que cela indique forcément une dégradation de la fonction rénale. Cela dit, ce marqueur peut interférer avec les tests classiques de fonction rénale, ce qui nécessite une interprétation prudente. Chez les individus avec une fonction rénale normale, les études disponibles n’ont pas montré de toxicité rénale significative, même à des doses élevées sur plusieurs semaines. Mais en cas de pathologie rénale existante ou suspectée, la prudence est impérative.

Comment la créatine peut-elle aider à long terme ?


La créatine contribue à la resynthèse de l’ATP dans les cellules, ce qui est important pour les efforts courts et intenses et pour les tissus à forte demande énergétique comme les muscles et le cerveau. Ce mécanisme bioénergétique est bien documenté et justifie son utilisation dans le cadre de certaines pratiques physiques. Dans des études précliniques, la créatine a été étudiée pour son rôle potentiel dans le soutien métabolique des neurones, notamment en situation de stress énergétique. Dans la maladie d’Alzheimer, ce type de stress est observé dès les premiers stades, ce qui a conduit certains chercheurs à s’intéresser à la créatine comme piste d’exploration. 

Quelle est la différence entre les types de créatine ?

 La forme de créatine la plus étudiée et utilisée dans la recherche est la créatine monohydrate. C’est celle qui a été utilisée dans l’essai pilote sur Alzheimer, et celle dont la stabilité, la biodisponibilité et la sécurité sont les mieux établies. Il existe sur le marché d’autres formes (créatine HCl, créatine éthyl ester, créatine citrate…), mais aucune n’a démontré à ce jour une supériorité claire ou documentée par des essais cliniques robustes. En l’état actuel des connaissances, la créatine monohydrate reste la référence et la plus sûre.

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