Nutrition

Sucre et cancer : faut-il s'inquiéter ?

Sucre et cancer - GREEN WHEY

Il faut dire que le sujet sucre-cancer inquiète au point même où nombreux sont ceux, patients ou proches, qui se demandent avec angoisse si consommer du sucre revient à « nourrir les cellules cancéreuses ».

Dans cet article, on vous propose donc une petite enquête scientifique sérieuse mais accessible, pour clarifier les mythes et mettre en lumière les réalités documentées par la recherche (impact potentiel du surpoids, rôle de l’insuline, etc.).

Le sucre dans notre corps : décryptage sans prise de tête 

Quand on entend le mot « sucre », on pense souvent aux bonbons colorés ou au sucre blanc qui trône fièrement sur la table du café. Mais saviez-vous que sous l’étiquette « glucides » se cachent en réalité plusieurs types de sucres ? Eh oui, les glucides ne sont pas tous créés égaux !

D’un côté, on a les fameux sucres simples : glucose, fructose et saccharose (le classique sucre blanc). Ils se trouvent naturellement dans certains aliments comme les fruits ou le miel, ou ajoutés volontairement dans de nombreux produits alimentaires (ce qu’on appelle les « sucres libres »).
De l’autre, on trouve les glucides complexes, comme l’amidon présent dans les pâtes, le riz ou les pommes de terre, et les fibres que vous retrouvez dans vos céréales complètes ou vos légumes verts préférés.

Mais attention : qu’on mange une baguette tradition ou une pomme bien juteuse, la plupart des glucides finissent généralement par être transformés en glucose, le carburant pour nos cellules.

Attention toutefois : le souci principal selon plusieurs organismes comme l’ANSES ou l’OMS, ce n’est pas tant le sucre lui-même, mais bien son excès, particulièrement les sucres ajoutés que l'on retrouve dans les boissons sucrées, les desserts industriels ou même les sauces ! C’est pour cela que l’OMS recommande de limiter les sucres libres à moins de 10 % de notre apport calorique quotidien (idéalement même à 5 %, mais ça, c’est encore un objectif à atteindre !).

Index glycémique, charge glycémique : késako ?

Vous avez sûrement entendu parler de l’Index Glycémique (IG) sans forcément comprendre à quoi ça correspondait exactement.

  • L’index glycémique (IG), concept popularisé par les chercheurs Jenkins et Wolever dans les années 80, il indique la vitesse à laquelle un aliment fait grimper le sucre dans le sang après consommation. Plus l’IG est élevé, plus la glycémie (taux de glucose sanguin) grimpe rapidement.

  • La charge glycémique (CG), quant à elle, est encore plus pertinente puisqu’elle tient compte à la fois de l’IG et de la quantité réelle consommée. Elle reflète mieux l’impact global de votre repas sur votre glycémie.

Par exemple :

  • Une baguette blanche possède un IG élevé, faisant grimper rapidement votre taux de sucre dans le sang. Si vous en mangez beaucoup, la CG est aussi élevée.

  • Au contraire, un plat de pâtes complètes présente un IG plus modéré et une CG souvent plus faible, grâce à la présence de fibres ralentissant la digestion.

Selon le rapport 2018 du WCRF/AICR, une alimentation à charge glycémique élevée pourrait être un facteur de risque probable du cancer de l’endomètre. Attention, on ne dit pas que cela déclenche automatiquement un cancer ! On parle d’un lien possible, établi à partir d’études épidémiologiques.

Sucre et cellules cancéreuses : pourquoi les tumeurs aiment tant le glucose ? 

L’effet Warburg : des cellules très gourmandes

Remontons un instant dans le temps, direction les années 1920. Un scientifique allemand, nommé Otto Warburg, remarque quelque chose d’étrange : les cellules cancéreuses semblent avoir un appétit insatiable pour le glucose. Cette découverte, connue aujourd’hui sous le nom d’effet Warburg, révèle que ces cellules préfèrent tirer leur énergie via un mécanisme particulier : la glycolyse anaérobie, c’est-à-dire qu’elles utilisent beaucoup de glucose, mais très peu d’oxygène.

Pourquoi font-elles ça ? Tout simplement car elles ont besoin d’énergie rapidement, et le glucose leur fournit justement cette « dose express ».

Mais attention : ça ne signifie pas pour autant que supprimer le sucre de notre assiette serait une solution miracle. Comme nous le verrons plus loin, ces cellules sont très habiles et savent utiliser d’autres carburants quand le glucose se fait rare. Bref, leur couper le sucre, ce n’est pas aussi simple qu’on pourrait le penser !

Le PET Scan (TEP)

Vous avez peut-être déjà entendu parler du PET Scan, ou TEP. Cette technique médicale permet de repérer précisément certaines zones du corps où les cellules consomment beaucoup d’énergie. Comment ? En injectant dans l’organisme un produit particulier : le FDG (fluorodésoxyglucose), une sorte de sucre « radioactif » sans danger à faibles doses.

Les cellules tumorales, gourmandes en glucose, captent davantage ce FDG. Résultat : elles s’illuminent littéralement sur les images ! Mais attention, cette lumière révèle uniquement que ces cellules consomment beaucoup d'énergie, ça ne prouve pas que le sucre est la cause du cancer. D’ailleurs, d’autres cellules très actives, comme celles du cerveau ou des muscles, s’illuminent aussi.

Les cellules cancéreuses, et leur adaptation

Les cellules cancéreuses ne sont pas seulement friandes de glucose, elles sont surtout incroyablement adaptables. Si le glucose vient à manquer, pas de panique pour elles : elles vont puiser leur énergie ailleurs, dans les graisses ou les protéines par exemple. Cette capacité d’adaptation s’appelle la plasticité métabolique.

Par ailleurs, notre corps est aussi capable de fabriquer son propre glucose via un mécanisme naturel appelé néoglucogenèse, qui se déroule principalement dans le foie. Autrement dit, supprimer totalement le sucre de l’alimentation ne signifie pas que les cellules cancéreuses seront privées de glucose : elles trouvent toujours un moyen de se débrouiller !

Ainsi, même si certains régimes très à la mode (comme le régime cétogène ou le jeûne) font parfois la une, aucune preuve scientifique solide ne démontre aujourd’hui qu’on puisse « affamer » efficacement des cellules tumorales par une simple modification de son alimentation.


Sucre, surpoids et risque de cancer 

Selon le rapport du WCRF/AICR (2018), on identifie clairement au moins 13 types de cancers associés au surpoids ou à l’obésité, notamment ceux :

  • Cancer du sein

  • Cancer colorectal

  • Cancer de l’endomètre

  • Cancer de l’œsophage

  • Cancer du foie

  • Cancer du rein

  • Cancer du pancréas

  • Cancer de la vésicule biliaire

  • Cancer de l’estomac

  • Cancer de l’ovaire

  • Cancer de la prostate avancé

  • Cancer de la thyroïde

  • Myélome multiple

Pourquoi l’association entre le sucre, l’obésité et le cancer ? Tout simplement parce que quand on consomme régulièrement plus de calories qu’on en dépense (qu’elles proviennent de matières grasses ou des fameux sucres ajoutés), notre corps stocke cet excédent. 

En France, selon les données du Réseau NACRe, une grande partie de la population a une alimentation déséquilibrée, ce qui contribue à augmenter les risques de cancers liés au surpoids.

Insuline, inflammation, hormones 

Lorsqu’on consomme trop régulièrement des sucres rapides, notre glycémie grimpe souvent trop haut (hyperglycémie chronique). Le corps réagit en produisant beaucoup d’insuline (hyperinsulinémie). L’insuline en excès pourrait donc favoriser indirectement une multiplication plus rapide des cellules.

En parallèle, le surpoids implique souvent un excès de tissu adipeux (graisse corporelle). Ce tissu produit davantage d’œstrogènes et de molécules inflammatoires (les fameuses cytokines inflammatoires). Cet environnement interne inflammatoire et hormonal peut, sur le long terme, favoriser le terrain propice à une prolifération cellulaire anarchique.

C’est ce que la littérature scientifique appelle la carcinogenèse : l’apparition progressive de cellules qui échappent au contrôle normal de notre organisme.

Boissons sucrées : pourquoi elles méritent qu’on les surveille de près 

Parmi les grands coupables pointés du doigt par la recherche : les boissons sucrées. On parle ici des sodas, des thés glacés industriels, des boissons énergisantes ou encore des jus de fruits industriels souvent très riches en sucres rapides et pauvres en nutriments essentiels. On les appelle les « calories vides », car elles apportent beaucoup d’énergie sans bénéfice nutritionnel.

Une étude française, NutriNet-Santé (Chazelas et al., 2019, BMJ), a observé qu’une consommation élevée de ces boissons (par exemple, l’équivalent de deux canettes par jour) était associée à un risque de cancers (+18 % tous cancers confondus, et jusqu’à +22 % pour le cancer du sein). 

Le cas des édulcorants : des faux alliés ? 

Les édulcorants ont longtemps été considérés comme le plaisir, zéro calorie. Mais récemment, les scientifiques ont décidé de les regarder d’un peu plus près… et les nouvelles ne sont pas aussi brillantes qu’on pouvait l’espérer.

L’étude NutriNet-Santé, pilotée par la chercheuse Charlotte Debras et son équipe, menée auprès de milliers de participants français, a montré une association significative entre la consommation régulière d’édulcorants comme l’aspartame ou l’acésulfame-K et un risque accru de certains cancers, notamment du sein. Attention cependant : association ne veut pas dire certitude absolue, mais simplement un signal suffisamment sérieux pour attirer l’attention des scientifiques.

Encore plus récemment, en juillet 2023, l’OMS via le CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer) a classé l’aspartame dans la catégorie « cancérogène possible (groupe 2B) ». Autrement dit : il y a un soupçon raisonnable, mais pas encore de preuve formelle. 

Aujourd’hui, au vu de ces résultats, on peut légitimement s'inquiéter de ces édulcorants. Privilégiez le sucralose qui un édulcorant plus ancien (1976) sur lequel nous avons plus de recul. La meilleure solution reste de privilégier des solutions sucrantes naturelles comme notre Glycine Cristallisée.

Pourquoi remplacer le sucre par les édulcorants n’est pas la solution miracle 

D’après les dernières recommandations de l’OMS (2023), les édulcorants ne permettent pas une réduction durable du poids. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’ils entretiennent le goût pour le sucré, incitant parfois à consommer davantage de produits à saveur sucrée.

De plus, la consommation régulière d’édulcorants sur le long terme pourrait avoir des effets potentiellement indésirables sur notre métabolisme, en particulier sur la flore intestinale (microbiote). Des recherches récentes suggèrent que l’utilisation intensive d’édulcorants pourrait perturber cet équilibre, bien que ces études restent préliminaires et à prendre avec des pincettes.

Les organismes de santé, comme l’OMS et le réseau français NACRe, sont donc unanimes : remplacer systématiquement le sucre par des édulcorants n’est pas la solution miracle que l’on espérait. Ils recommandent plutôt d’apprendre progressivement à diminuer globalement notre attirance pour le goût sucré.

Car oui, même si les édulcorants affichent fièrement un zéro sur leur compteur calorique, cela ne signifie pas nécessairement « zéro risque » ou « zéro conséquence » à long terme. 

A retenir 

Alors, doit-on vraiment paniquer face au sucre ? Pas forcément. Si vous devez retenir une chose c’est que ce n’est pas le sucre en soi qui est dangereux mais son excès fréquent associé à une prise de poids. Certes, les cellules cancéreuses adorent le glucose, mais les priver totalement de sucre reste une fausse solution, loin des réalités biologiques. En réalité, c’est surtout l’excès qui pose problème, car il favorise indirectement la prise de poids et des mécanismes inflammatoires qui, eux, pourraient jouer un rôle dans le développement de certains cancers.

Plutôt que de céder aux régimes extrêmes ou aux édulcorants, mieux vaut réduire globalement notre goût pour le sucré, préférer les aliments peu transformés et garder, bien sûr, une alimentation équilibrée qui fait autant plaisir au palais qu’à la santé. Pas besoin de jeter cette tablette de chocolat après tout… il suffit peut-être juste de la savourer un peu moins vite ! 

Source : 

Jenkins DJ, Wolever TM, Taylor RH, Barker H, Fielden H, Baldwin JM, Bowling AC, Newman HC, Jenkins AL, Goff DV. Glycemic index of foods: a physiological basis for carbohydrate exchange. 

Korn AR, Reedy J, Brockton NT, Kahle LL, Mitrou P, Shams-White MM. The 2018 World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research Score and Cancer Risk: A Longitudinal Analysis in the NIH-AARP Diet and Health Study. Cancer Epidemiol Biomarkers 

Potter M, Newport E, Morten KJ. The Warburg effect: 80 years on

Chazelas E, Srour B, Desmetz E, Kesse-Guyot E, Julia C, Deschamps V, Druesne-Pecollo N, Galan P, Hercberg S, Latino-Martel P, Deschasaux M, Touvier M. Sugary drink consumption and risk of cancer: results from NutriNet-Santé prospective cohort. 

Debras C, Chazelas E, Srour B, Druesne-Pecollo N, Esseddik Y, Szabo de Edelenyi F, Agaësse C, De Sa A, Lutchia R, Gigandet S, Huybrechts I, Julia C, Kesse-Guyot E, Allès B, Andreeva VA, Galan P, Hercberg S, Deschasaux-Tanguy M, Touvier M. Artificial sweeteners and cancer risk: Results from the NutriNet-Santé population-based cohort study. 

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