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Diabète et vitamine D : un lien à ne pas négliger

Diabète et vitamine D : un lien à ne pas négliger

Le diabète connaît une progression inquiétante à travers le monde. Selon la Fédération Internationale du Diabète (IDF), le nombre de personnes atteintes pourrait bondir de 285 millions en 2010 à près de 438 millions en 2030. Parmi ces diabétiques, le diabète de type 2 est largement majoritaire, souvent lié à notre mode de vie moderne, sédentaire et déséquilibré. Face à ce constat alarmant, la prévention devient une priorité absolue pour la santé publique. Et parmi les pistes étudiées par les scientifiques, le rôle de la vitamine D suscite un intérêt croissant, aussi bien dans la régulation du glucose sanguin que dans la modulation immunitaire.

Rappel sur le diabète (types 1 et 2)

Le diabète se présente sous deux formes principales, qu'il est essentiel de distinguer pour mieux comprendre l’intérêt potentiel de la vitamine D.

Le diabète de type 1, plus rare, est une maladie dite « auto-immune » : le corps s'attaque lui-même, précisément aux cellules du pancréas qui fabriquent l’insuline (cellules bêta). Privé de ces cellules, l’organisme devient incapable de produire suffisamment d’insuline, l’hormone régulatrice du taux de sucre dans le sang. 

Résultat : les personnes atteintes doivent impérativement se traiter par injections d’insuline, tout au long de leur vie.

Le diabète de type 2 est très différent : c’est une maladie souvent liée à notre mode de vie, avec en première ligne l’obésité, une alimentation déséquilibrée, et une sédentarité croissante. Le mécanisme ici n’est pas lié à une destruction des cellules du pancréas mais plutôt à une résistance progressive du corps à l’insuline. Imaginez que l’insuline est une clé, et les cellules, des serrures. Avec le diabète de type 2, ces serrures se bloquent progressivement : la clé ne peut plus ouvrir les portes permettant au glucose d’entrer dans les cellules.

Le sucre reste donc dans le sang, faisant monter le taux de glycémie dangereusement. Avec le temps, ce phénomène épuise le pancréas, qui ne parvient plus à produire assez d’insuline.

La vitamine D : rôle et sources

La vitamine D contribue activement à maintenir l’équilibre du calcium dans le corps, indispensable à la solidité des os, mais intervient aussi dans le fonctionnement du système immunitaire et dans la régulation de nombreux gènes. 

Concrètement, la vitamine D agit via un récepteur spécifique appelé VDR (Vitamin D Receptor), présent dans plusieurs tissus de l’organisme, comme un interrupteur capable d’activer ou d’inhiber la lecture de certains gènes. Ce mécanisme lui confère des propriétés potentiellement bénéfiques dans des contextes variés comme le diabète, la santé cardiovasculaire ou encore l'immunité.

La vitamine D peut être produite naturellement par l’organisme lors de l’exposition de la peau aux rayons UVB du soleil, mais les quantités fabriquées dépendent fortement de la latitude où l'on habite, de la saison, ou encore de la pollution atmosphérique. 

Ainsi, quelqu'un vivant à Paris aura davantage de difficulté à fabriquer suffisamment de vitamine D en hiver qu'une personne habitant Nice, où l’ensoleillement est plus important toute l’année. En dehors de cette production naturelle, l’alimentation apporte aussi un peu de vitamine D. On la trouve principalement dans les poissons gras tels que le saumon, le maquereau, ou les sardines, ainsi que dans les aliments enrichis comme certains produits laitiers ou céréales. Malheureusement, ces sources restent souvent insuffisantes pour couvrir pleinement les besoins quotidiens.

Il n'est donc pas surprenant que les déficits en vitamine D soient fréquents, surtout dans les pays occidentaux. Selon une revue médicale récente (Courbebaisse et al. (2010)), plus de 40 % des personnes âgées de 50 ans et plus auraient un taux de vitamine D insuffisant. La raison ? Outre une exposition au soleil souvent limitée, notre alimentation moderne, pauvre en aliments naturels riches en vitamine D, contribue largement à ce déficit. Une étude canadienne (Statistique Canada 2015) souligne que près de 34 % des adultes prennent régulièrement des compléments de vitamine D pour compenser cette carence largement répandue.

Lien entre déficit en vitamine D et risque accru de diabète

D’abord, chez les personnes souffrant de diabète de type 2, les chercheurs observent régulièrement des taux sanguins bas de 25-hydroxyvitamine D (25(OH)D) (La vitamine D). Une méta-analyse va dans ce sens (Farahmand MA,2023) montrant une corrélation inverse entre la concentration en vitamine D et l’apparition de troubles glycémiques ou d’insulino-résistance. En d'autres termes, plus votre taux de vitamine D est bas, plus votre organisme risquerait de développer des difficultés à réguler correctement le glucose.

Les mécanismes biologiques avancés pour expliquer ce lien sont multiples. D’abord, les cellules bêta du pancréas, responsables de la production d’insuline, possèdent des récepteurs spécifiques à la vitamine D (VDR), ainsi que des enzymes capables de l’activer directement. Cela signifie que la vitamine D pourrait potentiellement favoriser la sécrétion normale d’insuline.

Ensuite, cette vitamine jouerait un rôle dans la modulation du système immunitaire et pourrait réduire l'inflammation chronique, étroitement liée à l’insulino-résistance caractéristique du diabète de type 2 selon une étude. (Wu J, 2023)

Les chercheurs de l’étude (Courbebaisse et al. (2010)) ont également observé que la vitamine D pourrait augmenter la production d’adiponectine, une hormone impliquée dans la régulation du glucose et des graisses, généralement basse chez les diabétiques.

Concernant le diabète de type 1, les études expérimentales chez l’animal apportent aussi des résultats prometteurs : l’administration de calcitriol (forme active de la vitamine D) diminuerait nettement la prolifération de certains lymphocytes impliqués dans la destruction du pancréas. Cette propriété immunorégulatrice pourrait théoriquement freiner ou prévenir la survenue du diabète auto-immun, même si, chez l'humain, les preuves restent aujourd'hui encore à consolider. (Courbebaisse et al. (2010))

Pour ce qui concerne la prévention spécifique du diabète de type 2, certaines méta-analyses récentes (Pittas AG, 2023), regroupant des milliers de participants, indiquent que chez les personnes prédiabétiques (c’est-à-dire présentant déjà un trouble modéré du métabolisme du glucose), la supplémentation en vitamine D améliorerait sensiblement la sensibilité à l’insuline et réduirait le risque de passer à un diabète avéré. Cette même étude à également montré que la prise régulière de vitamine D (cholécalciférol) réduirait de 15 % le risque de diabète chez ces personnes à risque. 

Effets potentiels de la vitamine D sur la progression du diabète

La supplémentation en vitamine D pourrait jouer un rôle concret dans le contrôle du diabète déjà diagnostiqué, en particulier sur l’équilibre glycémique des patients. Plusieurs méta-analyses récentes (Farahmand MA,2023) indiquent que chez les diabétiques de type 2 carencés en vitamine D, une supplémentation régulière permettrait une légère amélioration des taux d’HbA1c (hémoglobine glyquée), avec une diminution moyenne observée de l’ordre de 0,20 %. 

Bien que modeste, ce chiffre n'est pas anodin : il témoignerait d'une réelle amélioration du contrôle glycémique à long terme. Cette même étude rapporte également une meilleure sensibilité à l'insuline (mesurée par l’indice HOMA-IR) chez les patients présentant initialement une carence marquée. À noter que ces effets bénéfiques semblent particulièrement nets avec des doses supérieures ou égales à 1000 UI par jour, administrées pendant au moins 12 semaines consécutives.

Au-delà du contrôle du glucose sanguin, la vitamine D pourrait également agir sur les complications associées au diabète, notamment au niveau cardiovasculaire. Des études (Herrmann M, 2015) montrent qu’un taux sanguin bas de 25-hydroxyvitamine D (25(OH)D) est associé à un risque accru de complications vasculaires, telles que l’infarctus ou les atteintes microvasculaires (problèmes rénaux, oculaires...). 

Selon l’étude d’Herrmann et al. (2015), une baisse de 50 nmol/L du taux sanguin de 25-hydroxy-vitamine D augmente d’environ 23 % le risque d’infarctus, d’AVC ou d’un autre événement cardiovasculaire majeur par rapport à quelqu’un dont le taux est 50 nmol/L plus élevé. Par ailleurs, des recherches menées à l’Université de Washington à Saint-Louis suggèrent que la vitamine D pourrait réduire l'inflammation des vaisseaux sanguins en limitant l'adhésion des macrophages (cellules immunitaires impliquées dans l’inflammation) à la paroi artérielle, ce qui diminuerait ainsi l'accumulation du cholestérol et la formation de plaques d’athérome.

Supplémentation en vitamine D : bénéfices et précautions

Face à ces constats, faut-il systématiquement se supplémenter en vitamine D lorsqu'on souffre de diabète ou qu’on se trouve à risque élevé d’en développer un ? Pas nécessairement. La supplémentation présenterait surtout un intérêt lorsque le déficit en vitamine D est confirmé (un taux sanguin de vitamine D inférieur à 50 nmol/L), dans le prédiabète ou en cas de syndrome métabolique selon l’étude Farahmand MA,2023. Les recherches indiquent que les effets de la supplémentation sont généralement plus marqués chez les personnes non obèses présentant initialement un déficit avéré. 

Concernant les doses efficaces de vitamine D, cette même étude préconise une supplémentation quotidienne d’au moins 1000 UI, maintenue sur une période minimale de trois mois. Certains protocoles testent même des doses plus élevées, pouvant atteindre 4000 UI par jour ou 20 000 UI administrées hebdomadairement, avec des résultats intéressants sur la diminution du risque de diabète chez les prédiabétiques. (Pittas AG 2023)

Toutefois, une supplémentation en vitamine D ne doit jamais être prise à la légère. Un excès de vitamine D peut entraîner une hypercalcémie, c’est-à-dire un taux trop élevé de calcium dans le sang, potentiellement toxique pour l'organisme. Il est donc impératif de procéder à un suivi médical régulier, comprenant des bilans sanguins adaptés, surtout pour les personnes souffrant déjà de troubles rénaux ou prenant certains traitements spécifiques, comme le paricalcitol (un analogue du calcitriol).

Source : 

https://doi.org/10.1051/medsci/2010264417

Farahmand MA, Daneshzad E, Fung TT, Zahidi F, Muhammadi M, Bellissimo N, Azadbakht L. What is the impact of vitamin D supplementation on glycemic control in people with type-2 diabetes: a systematic review and meta-analysis of randomized controlled trails. 

Wu J, Atkins A, Downes M, Wei Z. Vitamin D in Diabetes: Uncovering the Sunshine Hormone's Role in Glucose Metabolism and Beyond. Nutrients. 

Pittas AG, Kawahara T, Jorde R, Dawson-Hughes B, Vickery EM, Angellotti E, Nelson J, Trikalinos TA, Balk EM. Vitamin D and Risk for Type 2 Diabetes in People With Prediabetes : A Systematic Review and Meta-analysis of Individual Participant Data From 3 Randomized Clinical Trials. 

Herrmann M, Sullivan DR, Veillard AS, McCorquodale T, Straub IR, Scott R, Laakso M, Topliss D, Jenkins AJ, Blankenberg S, Burton A, Keech AC; FIELD Study Investigators. Serum 25-hydroxyvitamin D: a predictor of macrovascular and microvascular complications in patients with type 2 diabetes. 

Herrmann M, Sullivan DR, Veillard AS, McCorquodale T, Straub IR, Scott R, Laakso M, Topliss D, Jenkins AJ, Blankenberg S, Burton A, Keech AC; FIELD Study Investigators. Serum 25-hydroxyvitamin D: a predictor of macrovascular and microvascular complications in patients with type 2 diabetes. 

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