Nutrition

Régime carnivore : que se cache-t-il derrière cette diète 100 % animale ?

Le régime carnivore - GREEN WHEY
Résumer ce contenu avec :

Vous avez peut-être déjà entendu parler du régime carnivore, cette approche alimentaire radicale qui élimine totalement les végétaux pour ne privilégier que la viande et les produits animaux. Mais de quoi s'agit-il exactement ? Est-ce une véritable solution santé ou une simple tendance vouée à disparaître aussi vite qu’elle est arrivée ?

Définition du régime carnivore

Le régime carnivore consiste, très simplement, à ne manger que des produits issus d'animaux : viande rouge, volaille, poisson, œufs et éventuellement quelques produits laitiers. À l'inverse des régimes cétogènes qui limitent fortement les glucides (moins de 30 g par jour), le régime carnivore va encore plus loin puisqu'il impose une consommation zéro glucide. Plus clairement : aucun fruit, aucun légume, aucune céréale. Une alimentation exclusivement animale, centrée sur des produits riches en protéines et en matières grasses. Certains adeptes poussent la logique jusqu’au bout en adoptant ce qu'on appelle la « Lion Diet », régime ultra-strict basé uniquement sur le bœuf, l'eau et le sel.

Origine et évolution du régime carnivore

Cette façon de se nourrir ne date pas d'hier. Dans les années 1920 déjà, deux explorateurs, Stefansson et Andersen, avaient expérimenté pendant un an sous contrôle médical un régime exclusivement composé de viande. Mais ce qui fait la popularité récente du régime carnivore, c'est surtout son émergence médiatique depuis 2018 grâce à des influenceurs comme l’ancien chirurgien Shawn Baker ou la blogueuse Mikhaila Peterson. Cette dernière affirme d’ailleurs avoir vu ses symptômes d’arthrite auto-immune disparaître grâce à une alimentation 100 % viande, un témoignage qui a largement contribué à populariser cette approche.

Principes fondamentaux

Le régime carnivore s'appuie sur deux principes essentiels : éliminer totalement les glucides et atteindre un état métabolique appelé la cétose. La cétose survient lorsque le corps utilise les graisses comme principale source d'énergie à la place du glucose, faute d'apports en glucides. C'est cet état précis qui serait à l'origine des bénéfices parfois rapportés par les adeptes : perte de poids rapide, meilleure clarté mentale et amélioration potentielle de troubles inflammatoires.

Autre principe : la simplicité extrême. Pas de calculs compliqués, pas de gestion minutieuse des calories ni des proportions, juste de la viande ou des produits animaux à satiété.

Produits et aliments autorisés

Sur ce point, pas de doute possible : viande rouge (bœuf, agneau, porc), volailles (poulet, dinde, canard), poissons et fruits de mer (particulièrement gras comme le saumon, la sardine), ainsi que des produits comme les œufs, les abats (foie, cœur, rein) et quelques produits laitiers pauvres en lactose tels que le beurre, protéines en poudre et certains fromages à pâte dure sont les aliments autorisés.

Le régime met un point d'honneur à favoriser des viandes grasses plutôt que maigres, puisque sans glucides, il devient important d’avoir suffisamment d’apports caloriques via les lipides animaux.

En revanche, tous les végétaux, sucres, céréales et légumineuses sont totalement exclus. Pas de pain, de fruits ou même de salade en accompagnement.

Impact sur la santé

Si le régime carnivore fascine, c’est principalement pour ses promesses de résultats rapides, comme la perte de poids ou l’amélioration de certaines conditions inflammatoires. Une vaste enquête publiée en 2021 dans Current Developments in Nutrition a ainsi rapporté qu'une majorité d'adeptes déclaraient avoir perdu du poids et ressenti une amélioration générale de leur bien-être sous ce régime (Lennerz et al., 2021). Les auteurs notent même une amélioration notable de la glycémie chez des personnes diabétiques, avec une diminution de leur consommation de médicaments antidiabétiques. Toutefois, ces observations restent basées sur des témoignages, sans groupes de contrôle pour comparer les résultats, donc à prendre avec précaution.

Cependant, ce régime n’est pas sans risque. Une autre étude publiée en 2024 dans la revue Nutrients indique clairement que le régime carnivore pourrait entraîner des carences significatives en vitamine C, vitamine B1 (thiamine), folates (vitamine B9), ainsi qu'en magnésium, iode, potassium et calcium (Goedeke et al., 2024). Cette absence de fibres végétales pourrait également avoir des répercussions négatives sur la santé intestinale à long terme, pouvant favoriser la constipation et perturber l'équilibre du microbiote intestinal, augmentant potentiellement le risque de certaines maladies intestinales comme le cancer colorectal.

Enfin, la consommation très élevée de graisses saturées animales présente un risque concret : l’élévation du LDL-cholestérol, souvent surnommé le « mauvais cholestérol ». Cette élévation du LDL est clairement documentée dans une étude récente publiée dans Cureus, où les participants suivant un régime carnivore strict voyaient leur LDL-cholestérol augmenter significativement (Klement & Matzat, 2025). Et les données de l'OMS rappellent depuis longtemps que chaque portion quotidienne de 50 grammes de viande transformée augmente le risque de cancer colorectal de 18 % environ (OMS, 2015).

Maladies et risques associés

Il est important de rester vigilant face aux risques concrets du régime carnivore, en particulier sur le long terme. Parmi les risques les mieux documentés se trouvent les effets potentiels sur le système cardiovasculaire. Comme évoqué précédemment, l’augmentation notable du LDL-cholestérol due à l'apport très élevé de graisses saturées issues de viandes grasses constitue un réel facteur de risque cardiovasculaire, reconnu depuis longtemps par la communauté médicale internationale.

Autre point inquiétant : la santé intestinale. Le manque total de fibres végétales dans ce régime peut perturber sérieusement la flore intestinale (le microbiote), provoquant des problèmes digestifs tels que la constipation chronique, mais aussi potentiellement augmentant le risque de maladies intestinales sérieuses comme le cancer colorectal. À ce sujet, l'OMS a clairement identifié dès 2015 la consommation quotidienne de viandes transformées comme augmentant le risque de cancer colorectal d'environ 18 % par portion quotidienne de 50 grammes. Ce qui est sûr en tout cas, c'est qu'un manque de protéine n'est pas un problème envisageable ici.

Enfin, les carences nutritionnelles évoquées dans l'étude de Goedeke et ses collègues (2024) constituent un problème majeur, avec des risques potentiels tels que fatigue chronique, affaiblissement immunitaire et, dans des cas extrêmes, le scorbut dû au manque de vitamine C.

Avantages du régime carnivore

Un autre avantage potentiel relevé par les adeptes concerne la gestion de certaines conditions inflammatoires ou auto-immunes. Une étude de cas réalisée par Norwitz et Soto-Mota (2024) montre par exemple une amélioration spectaculaire des symptômes chez dix patients souffrant de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (comme la maladie de Crohn), après avoir adopté un régime cétogène-carnivore strict. 

Inconvénients et précautions à prendre

Les nombreux inconvénients associés au régime carnivore exigent une réelle prudence. Tout d'abord, la monotonie alimentaire peut vite devenir problématique, menant à une lassitude psychologique et sociale importante. En effet, suivre une alimentation exclusivement à base de viande peut rapidement se révéler difficile à maintenir dans la vie quotidienne, surtout lorsque les occasions sociales impliquent souvent des aliments variés.

Enfin, les personnes ayant des antécédents de maladies cardiovasculaires, rénales ou digestives doivent impérativement consulter un professionnel de santé avant d’envisager ce régime. La surcharge protéique et lipidique imposée par le régime carnivore pourrait exacerber des problèmes de santé préexistants ou déclencher de nouvelles pathologies, comme la goutte ou l'aggravation d'une insuffisance rénale.

Conseils pratiques pour suivre le régime carnivore

Si l’idée d'adopter le régime carnivore vous séduit malgré ses controverses, il est impératif de vous y préparer sérieusement pour minimiser les risques. La première étape indispensable consiste à consulter un professionnel de santé avant de démarrer, afin d'évaluer précisément vos besoins nutritionnels individuels. Les carences pouvant apparaître rapidement, un suivi médical régulier devient incontournable.

Pour éviter de tomber dans la monotonie, privilégiez une large diversité de produits animaux. Ne vous contentez pas d'une seule catégorie : combinez viandes rouges, volailles, poissons gras, et surtout n'oubliez pas les abats, véritables concentrés de nutriments essentiels. Par exemple, le foie est riche en vitamines, notamment en vitamine A et en fer, tandis que les poissons gras comme le saumon ou les sardines apportent des oméga-3 importants pour votre organisme.

Un autre point : privilégiez autant que possible les viandes de qualité, idéalement issues d’élevages en plein air ou bio. Ces produits sont généralement moins riches en additifs et substances potentiellement nocives, comme les antibiotiques ou hormones, souvent présents dans les viandes industrielles.

Comment débuter un régime carnivore

Débuter le régime carnivore impose une transition alimentaire progressive, afin d’éviter un choc brutal pour votre organisme. Commencez par réduire lentement votre consommation de glucides et de fibres, tout en augmentant progressivement les protéines animales et les matières grasses d'origine animale dans votre alimentation. Votre corps aura ainsi le temps de s'adapter progressivement au changement métabolique radical induit par la cétose.

Pour éviter les désagréments liés à ce changement alimentaire radical (fatigue, irritabilité, constipation), maintenez une bonne hydratation quotidienne. Il est conseillé de boire au moins deux litres d'eau par jour, voire davantage pour compenser l'élimination accrue d'eau due à l'état de cétose.

Exemples de repas carnivores

À quoi ressemble concrètement une journée en mode carnivore ? Voici un exemple de menu typique et simple à suivre :

  • Petit-déjeuner : œufs brouillés cuits dans du beurre, accompagnés de quelques tranches de bacon.

  • Déjeuner : steak de bœuf gras (entrecôte ou faux-filet) ou viande hachée à au moins 15 % de matière grasse.

  • Dîner : pavé de saumon grillé ou rôti, accompagné éventuellement de morceaux de foie ou d'autres abats riches en vitamines.

Ce type de menu simple est représentatif du régime carnivore : protéines animales à satiété, avec un accent particulier sur les graisses animales.

Témoignages et retours d'expérience

Expériences positives

De nombreux adeptes du régime carnivore rapportent une perte de poids rapide et une amélioration significative de leur énergie et concentration mentale. Dans l'enquête réalisée par Lennerz en 2021, la majorité des participants décrivent un mieux-être général, une diminution notable de leurs douleurs articulaires, et une amélioration de la gestion de leur diabète, notamment par une baisse significative des médicaments antidiabétiques.

Ces cas isolés, bien qu'intéressants, restent néanmoins limités en nombre et nécessitent davantage de recherches pour confirmer leur généralisation possible.

Expériences négatives

À l’inverse, certains témoignages évoquent clairement les difficultés de maintenir ce régime à long terme. La monotonie alimentaire extrême peut rapidement mener à un déséquilibre psychologique, avec une frustration alimentaire intense et des problèmes sociaux lors de repas collectifs ou familiaux.

Physiquement, de nombreux adeptes signalent des troubles digestifs, notamment de fortes constipations dues à l’absence totale de fibres alimentaires. La hausse significative du LDL-cholestérol, confirmée par l'étude de Klement et Matzat (2025), reste une préoccupation centrale des médecins, en raison des risques cardiovasculaires majeurs associés.

Le régime carnivore est-il fait pour vous ?

La vraie question est là : le régime carnivore est-il adapté à tout le monde ? Clairement, la réponse est non. Ce régime extrême conviendra peut-être à quelques rares personnes, très motivées par un objectif spécifique (comme une perte de poids rapide sous encadrement médical strict), mais il restera inadapté à la grande majorité.

Si votre objectif est une amélioration générale de la santé à long terme, il existe des approches bien plus modérées et validées par la recherche scientifique. La prudence reste donc de mise, particulièrement pour toute personne souffrant de maladies chroniques, cardiovasculaires, rénales ou digestives.

Durabilité du régime carnivore sur le long terme

Sur le plan pratique et médical, le régime carnivore pose de réelles interrogations sur sa durabilité à long terme. Sa radicalité extrême en fait une option difficilement tenable au quotidien sur plusieurs années. Les risques nutritionnels à long terme (carences, troubles digestifs, augmentation des risques cardiovasculaires et cancers colorectaux) en font également une option risquée sans encadrement médical strict.

En définitive, le régime carnivore peut être envisagé comme une stratégie à très court terme, mais sa viabilité durable dans la vraie vie reste plus qu’incertaine. Avant d'envisager sérieusement cette approche extrême, une consultation approfondie auprès d'un professionnel de santé s'impose impérativement pour évaluer ses bénéfices potentiels et surtout ses risques, loin de toute mode alimentaire radicale.

En bref : 

Le régime carnivore est assez semblable au régime cétogène dans son fonctionnement, au niveau des bénéfices comme des risques potentiels.

Dans certains cas particuliers, ce régime pourrait effectivement améliorer voir résoudre certaines maladies, des conditions gastro-intestinales, réduire les fluctuations de la glycémie, des affections cutanées et favoriser la perte de poids.

Il peut également provoquer des effets secondaires dommageables tel que constipations, diarrhée, nausée, crampes, palpitations cardiaques et les dangers liés à d'éventuelles carences, surtout si ces nutriments sont issus de viandes transformées riches en graisses saturées et en sodium, les graisses saturées ne sont pas nocives en soi.

En outre, lorsque les protéines constituent plus de 35 % de l'apport énergétique total, les risques sur la santé comprennent l'hyperaminoacidémie, l'hyperammoniémie, l'hyperinsulinémie, des conditions potentiellement mortelles à terme.

Il a également été démontré que des apports en protéines supérieurs à 35 % des besoins énergétiques peuvent potentiellement diminuer la fertilité masculine et augmenter les niveaux de cortisol, une des principales hormones du stress.

Diminuer ses apports en glucides dans un objectif de pertes de poids fait sens. Mais tous les glucides ne sont pas égaux. Les glucides simples (desserts, gâteaux, tartes, etc.) contiennent souvent des sucres ajoutés ayant un indice glycémique élevé qui peut contribuer aux inflammations, à la faim, à l'obésité, au diabète et à l'hypertension artérielle.

Cela étant, les glucides complexes (fruits, légumes et légumineuses) contiennent des vitamines, des minéraux et des micronutriments essentiels à la santé, ainsi que des fibres qui contribuent à la sensation de satiété et au bon fonctionnement du corps.          

Sources
  • World Health Organization. (2015, October 26). Q&A on the carcinogenicity of the consumption of red meat and processed meat. Retrieved from https://www.who.int/features/qa/cancer-red-meat/en/
  • Norwitz, N. G., & Soto-Mota, A. (2024). Carnivore–ketogenic diet for the treatment of inflammatory bowel disease: A case series of 10 patients. Frontiers in Nutrition, 11, 1467475. https://doi.org/10.3389/fnut.2024.1467475
  • Lennerz, B. S., Mey, J. T., Henn, O. H., & Ludwig, D. S. (2021). Behavioral characteristics and self-reported health status among 2029 adults consuming a “carnivore diet”. Current Developments in Nutrition, 5(12), nzab133. https://doi.org/10.1093/cdn/nzab133
  • Klement, R. J., & Matzat, J. S. (2025). Subjective experiences and blood parameter changes in individuals from Germany following a self-conceived "carnivore diet": An explorative study. Cureus, 17(4), e82521. https://doi.org/10.7759/cureus.82521
  • Goedeke, S., Murphy, T., Rush, A., & Zinn, C. (2024). Assessing the nutrient composition of a carnivore diet: A case study model. Nutrients, 17(1), 140. https://doi.org/10.3390/nu17010140

En lire plus

Caféine et créatine, problème ou combo gagnant ? - GREEN WHEY
Oméga 3 : dangereux ?