Bien que la vitamine K2 soit associée à des effets bénéfiques, elle peut présenter des risques dans certains contextes.
- Qu’est-ce que la vitamine K2 ?
- Origine et sources alimentaires
- Bienfaits de la vitamine K2
- Les dangers potentiels de la vitamine K2
- Précautions à prendre
- FAQ sur la vitamine K2
Qu’est-ce que la vitamine K2 ?
La vitamine K2, aussi appelée ménaquinone, fait partie de la famille des vitamines liposolubles. Elle se distingue de la vitamine K1 (ou phylloquinone) par sa structure, sa répartition dans l’organisme et ses fonctions biologiques.
Contrairement à la K1, la K2 ne provient pas essentiellement des végétaux. Elle est produite par certaines bactéries intestinales, mais cette production endogène reste faible et inégale d’un individu à l’autre. Les apports alimentaires sont donc importants pour assurer un bon statut. Cette vitamine se décline en plusieurs formes, identifiées par l’abréviation MK-n, où “n” correspond au nombre de chaînes isoprénoïdes. Les plus courantes sont la MK-4 et la MK-7, qui diffèrent par leur origine et leur demi-vie dans l’organisme.
Origine et sources alimentaires
La MK-4 est naturellement présente dans les produits animaux comme le foie, le jaune d’œuf ou le beurre. Elle est aussi utilisée dans certains compléments alimentaires. La MK-7, plus stable et mieux absorbée, est issue de la fermentation de produits végétaux.
En pratique, les apports alimentaires occidentaux restent faibles, souvent inférieurs à 20 µg/jour, alors que certaines études suggèrent des effets bénéfiques à partir de 45 à 200 µg/jour. (Knapen et al., 2013)
Bienfaits de la vitamine K2
Soutien aux protéines matricielles
La vitamine K2 joue un rôle essentiel dans un processus biochimique appelé γ-carboxylation, nécessaire à l’activation de certaines protéines naturellement présentes dans l’organisme, qualifiées de « vitamine K-dépendantes ».
Deux de ces protéines sont particulièrement étudiées :
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La Matrix Gla Protein (MGP), présente dans les tissus vasculaires (notamment les parois des vaisseaux sanguins), est impliquée dans la gestion du calcium au sein de l’organisme. Plusieurs recherches observationnelles se sont intéressées à son lien potentiel avec la régulation des dépôts de calcium dans les tissus mous, notamment au niveau artériel [Schurgers et al., 2004].
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L’ostéocalcine, produite par les cellules osseuses (ostéoblastes), participe directement au métabolisme du calcium dans l’os. Des études ont exploré la relation entre l’activation de cette protéine et son implication possible dans l’intégration du calcium à la matrice osseuse [Vermeer, 2001].
Lorsque l’organisme dispose de peu de vitamine K2, ces protéines peuvent rester sous une forme inactive (non carboxylée), ce qui limiterait potentiellement leur fonctionnalité biologique.
Effet sur le métabolisme du calcium
Contrairement à la vitamine D qui augmente l’absorption intestinale du calcium, la K2 a été étudiée pour son rôle post-absorption, et guiderait ce minéral vers les os, tout en évitant son dépôt dans les tissus non osseux (comme les artères, les reins ou les articulations). (source: Geleijnse et al., 2004)
Ce mécanisme reposerait principalement sur l’activation de la MGP, qui inhiberait l’accumulation de sels de calcium dans les tissus mous, et réduirait ainsi le risque de calcifications pathologiques. De l’autre côté, l’ostéocalcine activée favoriserait l’incorporation du calcium dans la matrice osseuse.
Autrement dit, la vitamine K2 participerait à un recyclage physiologique du calcium, en limitant ses effets néfastes hors des structures osseuses.
Ce rôle serait particulièrement pertinent dans un contexte de supplémentation en vitamine D et calcium, où l’apport en K2 pourrait techniquement moduler positivement le calcium absorbé.
Avantages cardiovasculaires
Plusieurs études observationnelles (Geleijnse et al., 2004) ont mis en évidence un possible lien entre un apport élevé en vitamine K2 et une réduction du risque cardiovasculaire. Les mécanismes avancés s’appuient principalement sur le rôle de la K2 dans la prévention de la calcification artérielle par l’activation de la MGP.
Les données les plus citées sont issues de la cohorte de Rotterdam, où une consommation alimentaire plus élevée de MK-7 à MK-9 était associée à une réduction du risque de maladie coronarienne et à une diminution de la mortalité cardiovasculaire. D’autres essais, bien que moins nombreux, ont observé une baisse de la rigidité artérielle chez les personnes supplémentées en MK-7, notamment chez les femmes ménopausées.(Knapen et al., 2013)
Les dangers potentiels de la vitamine K2
Si la vitamine K2 est globalement bien tolérée chez les personnes en bonne santé, elle n’est pas pour autant exempte de contre-indications, ni de risques potentiels dans certaines situations cliniques. En tant que complément alimentaire, elle doit faire l’objet d’une utilisation prudente et informée, notamment en raison de ses effets sur la coagulation et ses interactions médicamenteuses.
Effets secondaires de la vitamine K2
La majorité des études disponibles indiquent que la vitamine K2 ne présente pas de toxicité manifeste, même à doses élevées (jusqu’à 45 mg/j de MK-4, soit 450 fois l’apport recommandé). Toutefois, quelques effets indésirables mineurs ont été rapportés :
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Des troubles gastro-intestinaux légers : nausées, inconfort digestif, ballonnements. Ces symptômes semblent survenir en cas de prise à jeun ou de sensibilité individuelle, et sont atténués lorsqu’elle est consommée avec un repas contenant des graisses.
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Des réactions cutanées rares (rougeurs, légères éruptions), généralement attribuables aux excipients ou à la forme fermentée (notamment les extraits de natto contenant des traces de soja).
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Des maux de tête ou de légers troubles du sommeil ont été évoqués dans quelques cas lors de la prise de fortes doses (>200 µg/j), sans lien clairement établi.
En dehors de ces effets transitoires, la supplémentation en K2 est en principe sûre chez l’adulte en bonne santé.
Risques d’une surconsommation
Bien que la vitamine K2 n’ait pas de limite supérieure de sécurité (LSS) officiellement fixée par l’ANSES ou l’EFSA, une prise excessive reste inutile et potentiellement problématique dans certaines situations :
Symptômes d’un surdosage
Il n’existe pas de tableau clinique de surdosage aigu en vitamine K2. Les études disponibles n’ont mis en évidence ni toxicité hépatique, ni effet cardiovasculaire direct, même à des doses très élevées (jusqu’à 45 mg/j pour la forme MK-4 dans certains essais cliniques). Toutefois, une consommation excessive et prolongée pourrait :
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Perturber l’équilibre de la coagulation, notamment chez les personnes traitées par anticoagulants ou présentant un terrain thrombogène.
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Interférer avec l’absorption ou le métabolisme d’autres vitamines liposolubles (notamment les vitamines D, A ou E), en cas de co-supplémentation non encadrée.
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Provoquer des troubles fonctionnels mineurs : certaines personnes ayant pris des doses supérieures à 200 µg par jour ont rapporté des céphalées, une fatigue inhabituelle, des troubles du sommeil ou, plus rarement, une sensation de tension vasculaire diffuse. Ces effets restent isolés et non systématiques, mais peuvent justifier un arrêt de la supplémentation ou une réévaluation du dosage.
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Favoriser des réactions d’intolérance digestive légère, en particulier en cas de prise à jeun : ballonnements, nausées, pesanteur abdominale. Ces symptômes tendent à disparaître à l’arrêt ou lorsqu’elle est prise avec un repas.
Groupes à risque pour la supplémentation
Certains profils sont particulièrement sensibles à la vitamine K2, et doivent impérativement faire l’objet d’une évaluation médicale avant toute prise :
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Patients sous anticoagulants oraux de type anti-vitamine K (AVK) (warfarine, acénocoumarol) : la K2 peut réduire leur efficacité et entraîner une diminution de l’INR, augmentant ainsi le risque de thrombose. Chez ces patients, la dose maximale tolérée est généralement fixée à 25 µg/j par précaution.
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Personnes atteintes de troubles de la coagulation (coagulopathies, déficits en protéines C ou S, hémophilies).
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Sujets présentant une hypersensibilité connue à la vitamine K.
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Femmes enceintes ou allaitantes : la K2 est a priori bien tolérée, mais les données scientifiques restent encore insuffisantes pour recommander une supplémentation systématique à haute dose sans avis médical.
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Consommateurs chroniques d’alcool, chez qui l’absorption intestinale et le métabolisme de la K peuvent être altérés.
Interaction avec d’autres médicaments
Outre les anticoagulants, la vitamine K2 peut interagir avec :
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Certains antibiotiques à large spectre, qui modifient la flore intestinale productrice de K2.
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Les médicaments lipophobes comme l’orlistat (anti-obésité) ou la cholestyramine (hypocholestérolémiant), qui réduisent l’absorption des vitamines liposolubles.
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Les fortes doses de vitamine E, susceptibles de réduire l’activité de la vitamine K.
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Des plantes médicinales à effet anticoagulant (ail, ginkgo, trèfle rouge).
Précautions à prendre
Il n’existe pas encore de valeurs nutritionnelles de référence spécifiques pour la vitamine K2. Les recommandations disponibles concernent la vitamine K totale, soit environ 70 à 120 µg/jour pour un adulte.
En cas de doute, d’antécédents médicaux ou de traitement en cours, il est essentiel de consulter un médecin, pharmacien ou nutritionniste avant d’intégrer un complément de K2 à sa routine.
FAQ sur la vitamine K2
Quels aliments sont riches en vitamine K2 ?
La vitamine K2, ou ménaquinone, se trouve principalement dans les aliments fermentés ou certains produits animaux. La plus riche en MK-7 est sans conteste le natto, un mets traditionnel japonais à base de soja fermenté, qui peut contenir jusqu’à 1000 µg de K2 pour 100 g. D’autres sources alimentaires en apportent, mais en quantités moindres :
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Fromages affinés : gouda, brie, edam, comté…
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Jaune d’œuf (en particulier chez les poules nourries aux graines riches en K).
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Foie de volaille.
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Viandes grasses, type cuisses de canard ou de poulet.
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Produits fermentés comme la choucroute ou certains yaourts.
À noter que la forme MK-4, issue de la conversion de la K1 dans l’organisme ou présente dans les produits animaux, a une demi-vie plus courte (est éliminée plus rapidement de l’organisme) et une efficacité biologique différente de la MK-7.
Comment savoir si je consomme suffisamment de vitamine K2 ?
Il n’existe à ce jour aucun test de routine validé pour évaluer précisément son statut en vitamine K2. En l’absence de dosage sanguin standardisé, la meilleure approche reste de s’interroger sur ses apports alimentaires. Si votre régime est pauvre en produits fermentés, ou si vous consommez peu d’œufs, de foie ou de fromages affinés, vos apports en K2 sont probablement faibles (autour de 10 à 20 µg par jour), soit bien en deçà des quantités étudiées dans les essais cliniques.
La vitamine K2 est-elle nécessaire pour tous ?
Pas nécessairement. En dehors de certaines situations bien ciblées, la vitamine K2 n’est pas considérée comme une vitamine déficitaire dans la population générale. Les apports recommandés couvrent en réalité la vitamine K au sens large, sans distinction précise entre K1 et K2. Cela explique pourquoi aucun besoin spécifique en K2 n’a été fixé à ce jour.
Cela étant dit, les travaux cliniques récents tentent de montrer un intérêt de la K2 dans la santé osseuse et vasculaire, en particulier sous la forme MK-7.
Source :
Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). (2008). Avis du 13 juin 2008 relatif à la teneur en vitamine K des denrées alimentaires enrichies et des compléments alimentaires.
Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses). (2021). Les références nutritionnelles en vitamines et minéraux – Vitamine K. Anses, Paris.
European Food Safety Authority (EFSA NDA Panel). (2016). Safety of fermented soybean extract NSK-SD® as a novel food ingredient. EFSA Journal, 14(7), 4541.
Geleijnse, J. M., Vermeer, C., Grobbee, D. E., Schurgers, L. J., Knapen, M. H., van der Meer, I. M., & Hofman, A. (2004). Dietary intake of menaquinone is associated with a reduced risk of coronary heart disease: the Rotterdam Study. Journal of Nutrition, 134(11), 3100–3105.
Hariri, E., & Kassis, N. (2021). Vitamin K2 – a neglected player in cardiovascular health: a narrative review. Open Heart, 8(2), e001715.
Lyytinen, A. T., & Linneberg, A. (2023). Vitamin K – a scoping review for Nordic Nutrition Recommendations 2023. Food & Nutrition Research, 67, 10260.
Naiyarakseree, N., Phannajit, J., Naiyarakseree, W., et al. (2023). Effect of menaquinone-7 supplementation on arterial stiffness in chronic hemodialysis patients: a multicenter randomized controlled trial. Journal of Clinical Medicine, 12(7), 2509.
WebMD. (n.d.). Vitamin K – Uses, Side Effects, Interactions and Dosing. WebMD.com.