Rhume à répétition, fatigue dès les premiers frimas… Et si le problème venait de vos intestins ? Longtemps ignorés, les probiotiques suscitent aujourd’hui un regain d’intérêt. Mais que dit vraiment la science ?
- Qu’est-ce que les probiotiques ?
- Ferments lactiques et flore intestinale
- Le microbiote intestinal
- Mécanismes d'action des probiotiques
- Types de probiotiques recommandés pour soutenir l'immunité
- Produits disponibles sur le marché
- Recommandations d'utilisation des probiotiques
Qu’est-ce que les probiotiques ?
Officiellement définis par l’OMS comme des « micro-organismes vivants qui, lorsqu’ils sont administrés en quantités adéquates, apportent un effet bénéfique sur la santé de l’hôte », les probiotiques regroupent un large panel de bactéries naturellement présentes dans notre corps, et plus précisément dans notre tube digestif. Ils ne sont pas pathogènes, au contraire : ils sont dits commensaux, c’est-à-dire qu’ils vivent en symbiose avec nous, dans un équilibre fragile et protecteur.
Le plus souvent, ces souches appartiennent à deux grands genres : Lactobacillus et Bifidobacterium.
Ferments lactiques et flore intestinale
Les ferments lactiques (notamment Lactobacillus acidophilus, Lactobacillus rhamnosus ou encore Bifidobacterium lactis) sont des bactéries lactiques produisant de l’acide lactique.
Bien qu’ils ne soient pas tous considérés comme probiotiques au sens strict, ils sont couramment utilisés dans l’industrie agroalimentaire pour la fermentation de produits laitiers ou végétaux.
Dans l’intestin, ces bactéries sont censées contribuer à l’équilibre de la flore en occupant des niches écologiques spécifiques.
Le microbiote intestinal
Composition de la flore intestinale
Notre microbiote intestinal, couramment appelé flore intestinale, est un véritable écosystème bactérien. Il abrite entre 200 et 1 000 espèces différentes, pour un total de près de 38 mille milliards de micro-organismes (ça fait beaucoup) (Sender et al., 2016). Leur diversité et leur proportion varient d’un individu à l’autre, influencées par l’alimentation, le stress, l’âge, les médicaments (notamment les antibiotiques), ou encore l’environnement.
Ces bactéries se répartissent en différents genres, dont les plus fréquents sont les Lactobacillus, Bifidobacterium, Faecalibacterium, et Clostridium, chacun occupant une fonction bien spécifique.
Une flore en bonne santé se distingue généralement par une diversité élevée et une présence suffisante de souches bénéfiques, capables de produire des acides gras à chaîne courte (AGCC), comme le butyrate, qui pourrait jouer un rôle dans le soutien de la muqueuse intestinale (Ouwehand et al., 2011).
Rôle du microbiote dans la santé
Les recherches menées au cours de la dernière décennie ont mis en lumière l’implication du microbiote dans un nombre croissant de fonctions physiologiques. Il participerait non seulement à la digestion des fibres, à la production de certaines vitamines (comme la vitamine K ou les folates), mais aussi, et c’est ce qui nous intéresse ici : à l’immunité.
Connexions entre probiotiques et fonctions immunitaires
À mesure que les recherches avancent, les liens entre probiotiques et réponse immunitaire suscitent un intérêt croissant. Certaines souches de probiotiques ont fait l’objet d’études exploratoires mettant en lumière des potentiels mécanismes d’action immunomodulateurs.
Mécanismes d'action des probiotiques
Modulation de la réponse immunitaire
Certains probiotiques pourraient jouer un rôle de régulateur dans la réponse immunitaire, notamment en équilibrant l’immunité innée et acquise. Ces deux grandes branches du système de défense, l’une rapide et non spécifique, l’autre plus lente mais ciblée, coopèrent pour maintenir une protection efficace contre les agents pathogènes.
Des travaux ont montré que certaines souches de Lactobacillus rhamnosus ou Lactobacillus plantarum pourraient stimuler la production de cytokines, ces petites protéines qui orchestrent la communication entre cellules immunitaires. Cela se ferait notamment via l’activation de récepteurs Toll-like (TLR), présents à la surface des cellules de l’intestin, qui jouent un rôle clé dans la reconnaissance du « danger » microbien (TLR2 et TLR4 en particulier). (Venkatakrishna et al., 2019 ; Bron et al., 2012)
Une revue systématique finlandaise de 2014, portant sur 33 études cliniques, indique que dans 28 d’entre elles, les probiotiques auraient montré un effet bénéfique contre les infections respiratoires virales. Les auteurs soulignent un double mécanisme d’action potentiel : interaction directe avec les virus, mais aussi stimulation de la réponse immunitaire innée, notamment par la sécrétion d’interférons, de type IFN-α, une molécule antivirale majeure. (Lehtoranta et al., 2014)
Protection de la muqueuse intestinale
L’autre voie majeure d’action supposée des probiotiques concerne la fonction barrière de l’intestin. Cette barrière est assurée par les cellules épithéliales, liées entre elles par des jonctions serrées qui empêchent les intrus de traverser librement la paroi digestive.
Certaines souches comme Lactobacillus casei CRL 431 et Lactobacillus paracasei CNCM I-1518 ont été associées, dans des études sur modèle murin, à une augmentation de la densité des cellules de Paneth. Ces cellules spécialisées sécrètent des substances antimicrobiennes comme des défensines, essentielles pour neutraliser les pathogènes avant qu’ils n’atteignent la circulation sanguine.
D’autres observations suggèrent que des probiotiques pourraient renforcer la production de mucus intestinal (via l’activation des cellules caliciformes) et stimuler la sécrétion d’IgA (immunoglobulines A), des anticorps spécifiques présents dans la lumière intestinale, jouant un rôle dans l’immunité des muqueuses (Marteau, 2004).
Effets sur les cellules immunitaires
Activation des lymphocytes
Le système immunitaire repose en grande partie sur l’action des lymphocytes, et notamment les lymphocytes T et B, spécialisés dans la reconnaissance des agents infectieux et la production d’anticorps.
Certaines études cliniques, comme celle de Gleeson et al. (2011) menée sur 84 athlètes ont observé qu’une supplémentation en Lactobacillus casei Shirota pendant l’hiver était associée à moins d’infections des voies respiratoires supérieures.
Par ailleurs, des travaux sur Lactococcus lactis ont montré que cette souche pouvait activer les cellules dendritiques plasmacytoïdes, ou pDC, des sentinelles du système immunitaire chargées de détecter les virus et de sécréter de grandes quantités d’interféron alpha (IFN-α), un antiviral naturel particulièrement puissant (Ishikawa 2011).
Influence sur les cytokines
Les cytokines sont les messagers chimiques de l’immunité. Certaines sont pro-inflammatoires (comme l’IL-6 ou le TNF-α), d’autres anti-inflammatoires (comme l’IL-10). Un déséquilibre de leur production peut contribuer à des phénomènes inflammatoires chroniques, voire à un affaiblissement des défenses.
Selon plusieurs études in vitro et chez l’animal, des probiotiques comme Lactobacillus fermentum ou Bifidobacterium breve pourraient moduler l’expression génique des cytokines (Wang et al. 2019). Par exemple, l’administration de certaines souches a conduit à une augmentation de l’IL-10 (anti-inflammatoire) et une réduction de l’IL-6 (pro-inflammatoire), avec pour hypothèse une régulation de la réponse immunitaire excessive.
Types de probiotiques recommandés pour soutenir l'immunité
Toutes les bactéries ne se valent pas. Certaines souches, mieux documentées que d’autres, se démarquent pour leur potentielle capacité à interagir avec les cellules du système immunitaire, moduler la production de certaines molécules messagères (comme les cytokines), ou encore favoriser l’intégrité de la barrière intestinale, première ligne de défense de l’organisme.
Les souches potentiellement efficaces
Lactobacillus et Bifidobacterium
Ces deux genres bactériens concentrent l’essentiel des recherches en lien avec l’immunité humaine.
Certaines souches du genre Lactobacillus, comme Lactobacillus rhamnosus GG, L. plantarum, ou L. reuteri, ont été explorées pour leur capacité à interagir avec la muqueuse intestinale et à moduler la réponse immunitaire locale, notamment via les récepteurs Toll-like.
Côté bifidobactéries, Bifidobacterium lactis, B. breve ou encore B. longum sont fréquemment citées dans les études portant sur les infections respiratoires ou digestives. Certaines études cliniques suggèrent, par exemple, que la souche B. lactis Bl-04 pourrait réduire les infections respiratoires chez l’adulte (West et al., 2014), en lien avec une stimulation de l’immunité mucosale.
Le complexe probiotique présenté dans notre produit combine plusieurs de ces souches documentées (L. rhamnosus, L. plantarum, B. longum, etc.), dans une approche dite “multi-souche”, qui pourrait, selon les études, offrir une action complémentaire en agissant sur différents maillons du microbiote.
Autres souches prometteuses
Certaines souches moins répandues attirent aujourd’hui l’attention des chercheurs. Lactobacillus salivarius, par exemple, est étudiée pour sa production naturelle de bactériocines, molécules antimicrobiennes susceptibles de limiter l’adhésion de pathogènes au niveau de l’intestin.
Lactobacillus paracasei, quant à elle, a été évoquée dans des études sur la tolérance aux allergènes et la modulation de la réponse immunitaire dans certaines conditions atopiques (Dotterud et al., 2010).
La diversité semble donc essentielle : un produit probiotique efficace reposerait donc sur un cocktail de souches bien identifiées, bien dosées, et capables de survivre jusqu’à l’intestin.
Produits disponibles sur le marché
Gélules et compléments alimentaires
Les compléments alimentaires à base de probiotiques prennent souvent la forme de gélules gastro-résistantes, capables de protéger les bactéries vivantes de l’acidité de l’estomac. C’est le cas des DRcaps®, utilisées dans notre complexe, qui permettent aux bactéries de franchir l’estomac intactes pour aller coloniser l’intestin.
La présence de prébiotiques (comme l’inuline de topinambour ou les fibres d’acacia) dans notre formule favoriserait leur survie et leur croissance. Ce type d’association est qualifié de synbiotique. Attention toutefois à ne pas confondre prébiotiques et probiotiques.
Aliments fermentés et produits naturels
On retrouve naturellement des bactéries lactiques dans certains aliments fermentés : yaourt, kéfir, choucroute non pasteurisée, miso, kombucha… Toutefois, leur concentration en souches viables et la traçabilité des espèces restent très variables. De plus, ils n’apportent généralement qu’un petit nombre de souches, souvent non sélectionnées pour leurs effets ciblés sur l’immunité.
En revanche, ils peuvent enrichir l’alimentation en bactéries bénéfiques, et constituer un bon complément à une supplémentation probiotique bien conçue.
Recommandations d'utilisation des probiotiques
Comment choisir le bon dosage ?
La notion de “bon dosage” dépend à la fois du type de souches utilisées, de leur capacité de survie, et des besoins individuels. Dans les études cliniques, les effets immunitaires sont le plus souvent observés avec des doses comprises entre 10 et 40 milliards d’UFC/jour (Wilkins, 2017).
Fréquence d'administration
Une prise quotidienne est généralement recommandée. Les études cliniques insistent sur la régularité, condition nécessaire pour permettre l’implantation des souches dans l’écosystème intestinal. L’idéal est de les consommer à distance des repas très chauds, et dans un estomac relativement vide pour éviter une destruction acide excessive.
Importance de consulter un professionnel
Même si les probiotiques sont généralement bien tolérés, certaines situations (troubles immunitaires graves, grossesse, traitements lourds) justifient un avis médical préalable. Un professionnel de santé pourra également adapter le type de souches ou le dosage à des besoins spécifiques (déséquilibre de la flore après antibiothérapie, infections chroniques, troubles digestifs, etc.).
- Bron, P. A., van Baarlen, P., & Kleerebezem, M. (2012). Emerging molecular insights into the interaction between probiotics and the host intestinal mucosa. Nature Reviews Microbiology, 10(1), 66‑78. https://doi.org/10.1038/nrmicro2690
- Cani, P. D. (2014). The gut microbiota manages host metabolism. Nature Reviews Endocrinology, 10(2), 74‑76. https://doi.org/10.1038/nrendo.2013.263
- Dotterud, C. K., Østgård, R., Jacobsen, M., et al. (2010). Probiotics in pregnant women to prevent allergic disease: A randomized, double‑blind trial. British Journal of Dermatology, 163(3), 616‑623. https://doi.org/10.1111/j.1365‑2133.2010.09985.x
- Gleeson, M., Bishop, N. C., Oliveira, M., & Tauler, P. (2011). Daily probiotic’s (Lactobacillus casei Shirota) reduction of infection incidence in athletes. International Journal of Sport Nutrition and Exercise Metabolism, 21(1), 55‑64. https://doi.org/10.1123/ijsnem.21.1.55
- Ishikawa, H., Tada, A., Matsumoto, K., et al. (2011). Lactococcus lactis strain H61 triggers plasmacytoid dendritic cell–mediated antiviral responses. Frontiers in Immunology, 2, 40. https://doi.org/10.3389/fimmu.2011.00040
- Lehtoranta, L., Pitkäranta, A., & Korpela, R. (2014). Probiotics in respiratory virus infections. European Journal of Clinical Microbiology & Infectious Diseases, 33(8), 1289‑1302. https://doi.org/10.1007/s10096‑014‑2086‑y
- Marteau, P. (2004). Facteurs de contrôle de la flore : définitions et mode d’action des probiotiques et prébiotiques. In J.‑C. Rambaud, B. Buts, G. Corthier, & B. Flourié (Eds.), Flore microbienne intestinale (pp. 67‑82). John Libbey Eurotext.
- Ouwehand, A. C., Salminen, S., & Isolauri, E. (2011). Health benefits of probiotics: Are mixtures more effective than single strains? European Journal of Nutrition, 50(1), 1‑17. https://doi.org/10.1007/s00394‑010‑0166‑x
- Sender, R., Fuchs, S., & Milo, R. (2016). Revised estimates for the number of human and bacteria cells in the body. PLOS Biology, 14(8), e1002533. https://doi.org/10.1371/journal.pbio.1002533
- Thomas, D. W., & Greer, F. R. (2010). Probiotics and prebiotics in pediatrics. Pediatrics, 126(6), 1217‑1231. https://doi.org/10.1542/peds.2010‑2548
- Venkatakrishna, V., Prashanth, K., & Shobha, R. (2019). Toll‑like receptor–mediated immunomodulation by Lactobacillus strains: An in‑vitro study. Journal of Applied Microbiology, 127(4), 1165‑1175. https://doi.org/10.1111/jam.14397
- Villena, J., Kitazawa, H., & Alvarez, S. (2014). Immunobiology of Lactobacillus casei CRL 431 and its application as a mucosal adjuvant. Clinical and Vaccine Immunology, 21(11), 1507‑1516. https://doi.org/10.1128/CVI.00274‑14
- Wang, K., Liao, M., Zhou, N., et al. (2019). Bifidobacterium breve alleviates intestinal inflammation by modulating pro‑inflammatory cytokine responses in macrophages. Journal of Functional Foods, 59, 71‑79. https://doi.org/10.1016/j.jff.2019.05.012
- West, N. P., Horn, P. L., Pyne, D. B., et al. (2014). Probiotic Bifidobacterium lactis Bl‑04 improves upper‑respiratory‑tract health in adults: A randomized controlled trial. British Journal of Nutrition, 111(5), 871‑882. https://doi.org/10.1017/S0007114513003315
- Wilkins, T., Sequoia, J., & Moreira, G. (2017). Probiotics for gastrointestinal conditions: A summary of the evidence. American Family Physician, 96(3), 170‑178.
- World Health Organization & Food and Agriculture Organization. (2002). Guidelines for the evaluation of probiotics in food. WHO/FAO Working Group Report.