Nutrition

Vitamine D & sclérose en plaques : peut-elle vraiment freiner la maladie ?

Vitamine D & sclérose en plaques : peut-elle vraiment freiner la maladie ?

La vitamine D est souvent surnommée la « vitamine du soleil », parce que c’est en exposant votre peau au soleil que vous la produisez naturellement. Depuis peu, des scientifiques s'intéressent sérieusement à son effet potentiel sur la sclérose en plaques (SEP).

Comprendre la SEP en quelques mots simples

La sclérose en plaques est une maladie qui touche votre cerveau et votre moelle épinière. 

Concrètement, votre propre système immunitaire se retourne contre vos nerfs et perturbe la communication nerveuse, entraînant des symptômes variés selon les zones touchées. 

L’évolution de ces symptômes et leur gravité sont souvent mesurées par les médecins à l'aide d’une échelle allant de 0 à 10, appelée EDSS (Expanded Disability Status Scale), qui évalue le niveau global de handicap lié à la SEP.

Pourquoi la vitamine D intéresse-t-elle les chercheurs ?

L’idée vient d'une observation étonnante : on trouve moins de cas de sclérose en plaques près de l'équateur, là où le soleil est abondant toute l'année. 

Pourquoi cette différence ? 

Parce que l'exposition de la peau au soleil permet à votre corps de fabriquer naturellement de la vitamine D. Et il est aujourd’hui bien connu que cette vitamine joue un rôle dans le fonctionnement normal du système immunitaire.

Une étude française teste une forte dose de vitamine D

Récemment, une équipe française a lancé une grande étude appelée « D-Lay MS ». Le principe était simple : pendant deux ans, 316 personnes âgées de 18 à 55 ans ayant une forme précoce de SEP ou un premier épisode neurologique isolé (appelé CIS, souvent précurseur de la maladie) ont pris soit un placebo (une gélule sans aucun effet), soit une très forte dose de vitamine D : 100 000 unités internationales (UI) toutes les deux semaines, ce qui correspond à environ 7 100 UI par jour.

Résultats prometteurs, surtout chez les personnes carencées

Les résultats sont clairs : chez les personnes supplémentées en vitamine D, l’activité de la maladie aurait diminué d’environ 34 %. Plus précisément, cela signifierait que le temps écoulé avant l’apparition de nouvelles lésions détectées à l’IRM ou d’une rechute clinique serait retardé en moyenne de 208 jours (passant de 224 jours avec placebo à 432 jours avec vitamine D). Cela serait comme gagner presque sept mois supplémentaires avant que la maladie ne reprenne son activité.

Les effets seraient encore plus nets chez les personnes très carencées au départ (celles ayant moins de 12 ng/mL de vitamine D dans le sang), chez qui la réduction de l’activité atteindrait même 67 %.

À l'IRM, la supplémentation en vitamine D aurait entraîné une diminution de 39 % du nombre de nouvelles lésions, et jusqu'à 53 % en moins pour les lésions inflammatoires.

Ce que vous devriez faire concrètement

Si vous êtes concerné par la SEP, la première chose à faire serait probablement de vérifier votre taux sanguin de vitamine D en laboratoire. Un taux inférieur à 20 ng/mL indique une carence claire, et un taux entre 20 et 30 ng/mL indique une insuffisance modérée. Si vous êtes effectivement carencé, une supplémentation pourrait être envisagée, sous contrôle médical strict. En revanche, si votre taux est déjà satisfaisant (au-delà de 30 ng/mL), vous ne tireriez probablement aucun avantage supplémentaire à prendre davantage de vitamine D.

Dans l’étude, la dose utilisée (100 000 UI toutes les deux semaines) est particulièrement élevée et n’est recommandée que sous surveillance médicale. En général, les recommandations officielles tournent plutôt autour de 800 à 4 000 UI par jour, soit par exemple une à deux capsules quotidiennes d’un complément alimentaire dosé à 2 000 UI.

Il est également important de comprendre que la vitamine D n’est en aucun cas un traitement de fond de la SEP. Elle pourrait plutôt agir comme un complément en réduisant potentiellement l’apparition de nouvelles lésions, mais elle ne répare pas les dégâts déjà présents, si l’on suit les résultats de l’étude.

Enfin, concernant l’exposition au soleil, quelques minutes quotidiennes peuvent suffire à synthétiser naturellement de la vitamine D pendant l'été, mais en hiver, surtout dans les régions du nord de la France et de l’Europe, une simple exposition solaire pourrait être insuffisante, rendant nécessaire la supplémentation.

Quelques précautions indispensables

Malgré ces résultats encourageants, il reste certaines limites à considérer. Le suivi de deux ans réalisé par cette étude n’a pas permis d’observer un effet clair sur l’évolution du handicap lié à la SEP, évalué avec l’échelle EDSS (un outil utilisé par les neurologues pour mesurer le niveau de handicap). Les bénéfices observés concernent essentiellement les lésions vues à l'IRM, sans amélioration évidente des symptômes déjà installés.

De plus, les participants étudiés étaient jeunes et avaient une SEP très récente. Rien ne permet encore de dire si ces résultats pourraient s’appliquer aux formes plus avancées ou anciennes de la maladie.

Enfin, les doses élevées de vitamine D nécessitent une surveillance médicale attentive, notamment pour éviter un risque d’hypercalcémie (un taux trop élevé de calcium dans le sang), des effets secondaires sur les reins ou une hypervitaminose D. Nous mentionnons aussi dans cet article pourquoi la prise d'ampoule de vitamine D n'est pas forcement une bonne idée.

Cette étude française s'inscrit dans la continuité d'autres recherches européennes similaires, telles que les études CHOLINE ou SOLAR, qui avaient déjà montré de potentiels effets positifs chez des personnes initialement carencées en vitamine D. À l’inverse, lorsque les taux de vitamine D étaient déjà suffisants dès le départ (comme dans l’étude VIDAMS), aucune amélioration supplémentaire n’avait été observée.

Sources : 

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