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Manque de magnésium : Un minéral invisible, des effets bien réels.

Manque de magnésium : Un minéral invisible, des effets bien réels.
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Fatigue persistante, nervosité, crampes nocturnes ou paupières qui tressautent sans prévenir… Et si tout cela était lié à un déficit en magnésium ? Ce minéral est (trop) souvent négligé, alors même qu’il participe à des centaines de réactions biologiques vitales.

En France, on estime que près de 3 personnes sur 4 n’en consomment pas assez. Et le plus insidieux dans tout cela ? Les symptômes passent souvent inaperçus… jusqu’à ce qu’ils deviennent handicapants.

Qu’est-ce que le magnésium ?

Le magnésium est le quatrième minéral le plus abondant dans le corps humain et le deuxième cation intracellulaire après le potassium. Autrement dit, il fait partie des bases de notre architecture biologique.

On en retrouve environ 25 g chez un adulte, répartis pour moitié dans les os, le reste dans les muscles, les tissus mous, et à peine 1 % dans le sang circulant. Ce tout petit pourcentage sanguin rend le diagnostic de carence particulièrement complexe, car une prise de sang classique ne permet pas de détecter les déficits latents.

Sur le plan chimique, c’est un métal léger, très réactif, essentiel au fonctionnement des muscles, du système nerveux, du cœur, des glandes endocrines et du squelette. Et pourtant, sa consommation alimentaire est en baisse constante, notamment à cause des régimes modernes riches en aliments ultra-transformés et appauvris en nutriments.

Le rôle du magnésium dans l’organisme

Derrière ce minéral se cache un chef d’orchestre métabolique. Le magnésium intervient dans plus de 300 réactions enzymatiques, en tant que cofacteur. Cela signifie qu’il est indispensable pour activer les enzymes impliquées dans des fonctions biologiques clés. Il participe notamment à :

  • Le magnésium contribue à un métabolisme énergétique normal.
  • Le magnésium contribue à une synthèse protéique normale.
  • Le magnésium contribue au fonctionnement normal du système nerveux.
  • Le magnésium contribue à l’équilibre électrolytique.
  • Le magnésium contribue à une fonction musculaire normale.

Sans magnésium, l’organisme fonctionne au ralenti, les connexions neuronales s’altèrent, les muscles deviennent plus sensibles aux spasmes, et le métabolisme énergétique se désorganise.

Pourquoi un apport suffisant est crucial

Magnésium et énergie

Le magnésium n’est pas une "boîte à vitamines". C’est le carburant invisible qui permet à l’ATP (la source d’énergie de nos cellules) d’être utilisable. Sans magnésium, l’ATP reste inerte. Autrement dit, pas de magnésium = pas d’énergie exploitable.

Des études sur modèles animaux ont mis en évidence qu’une carence en magnésium pouvait entraîner une baisse significative de l’ATP cardiaque, ce qui perturberait le fonctionnement musculaire global (Cazzola et al., 2020). Cela pourrait en partie expliquer les sensations de fatigue profonde rapportées par les personnes en déficit chronique.

Magnésium et stress

Le lien entre stress et manque de magnésium est bien documenté. Le stress psychologique chronique augmente l’excrétion rénale du magnésium, ce qui fragilise les réserves internes. Et quand ces réserves s’amenuisent, le système nerveux devient plus sensible au moindre stimulus, ce qui intensifie les effets du stress… C’est le début d’un cercle vicieux bien connu en neurobiologie (Serefko et al., 2013 ; Boyle et al., 2017).

Des données expérimentales suggèrent que la déficience en magnésium pourrait activer la sécrétion de l’ACTH, une hormone du stress, et déséquilibrer durablement l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien. Chez l’animal, une carence prolongée a induit des comportements anxieux, corrigés par un traitement au diazépam (Eby & Eby, 2006).

Symptômes du manque de magnésium

Le déficit en magnésium ne donne pas toujours lieu à des manifestations évidentes. Il s’installe souvent en silence, masqué par des signes peu spécifiques. Pourtant, près de trois Français sur quatre présentent des apports insuffisants en magnésium selon les données de l’étude SU.VI.MAX, et un sur quatre serait en carence avérée. Les symptômes ne sont pas systématiques, mais lorsqu’ils apparaissent, ils sont le reflet d’un déséquilibre métabolique qui mérite d’être pris au sérieux.

Signes révélateurs d'une carence en magnésium

Le manque de magnésium peut s’exprimer à travers une variété de signaux corporels. Ceux-ci résultent du rôle du magnésium dans la fonction musculaire, l'équilibre électrolytique et le fonctionnement nerveux normal. Lorsque les réserves s’épuisent, c’est souvent le corps qui parle en premier.

Crampes musculaires

Un des signes les plus typiques évoqués dans les données de terrain est la crampe musculaire, notamment la paupière qui saute, les spasmes nocturnes au mollet ou encore les douleurs musculaires diffuses. Ces manifestations seraient liées à un déficit en magnésium intracellulaire, puisque ce minéral intervient directement dans la régulation de la contraction musculaire.

Lorsque l’apport devient insuffisant, les muscles peuvent rester en tension plus longtemps que nécessaire, ce qui explique l’apparition de contractions involontaires ou de tétanies passagères.

Fatigue et épuisement

La fatigue persistante, parfois difficile à distinguer d’un simple coup de mou, figure aussi parmi les signaux d’alerte les plus fréquents. Le magnésium participe à un métabolisme énergétique normal. En cas de déficit, la chaîne de transformation des nutriments en énergie devient moins efficace.

Ce ralentissement peut se traduire par un état d’épuisement, des troubles du sommeil, ou un réveil non réparateur. La fatigue liée à un manque de magnésium peut aussi s’accompagner de migraines, de fourmillements dans les extrémités ou encore de tremblements légers.

Symptômes mentaux et comportementaux

La sphère neuropsychique est particulièrement sensible au statut en magnésium. Ce minéral est impliqué dans le fonctionnement normal du système nerveux et contribue à des fonctions psychologiques normales.

Lorsqu’il vient à manquer, certaines personnes décrivent une fragilité émotionnelle accrue, une tension intérieure diffuse, ou des difficultés à faire face au stress quotidien.

Anxiété et stress

Chez des personnes soumises à un stress chronique, les besoins en magnésium augmentent. Il a été observé que le stress favorise l’excrétion urinaire du magnésium, ce qui peut entretenir un cercle vicieux.

Dans une étude randomisée contrôlée menée sur des adultes en situation de stress et de déficit modéré en magnésium, une supplémentation quotidienne en magnésium bisglycinate (300 mg/j pendant 8 semaines) pourrait réduire le stress perçu (Boyle et al., 2017).

Ce même travail suggère que l’association du magnésium à de la vitamine B6 bioactive renforcerait les effets positifs sur la gestion du stress. À ce jour, ces résultats sont encore considérés comme observations expérimentales, et ne doivent pas être généralisés.

Difficultés de concentration

Le manque de magnésium pourrait également contribuer à des troubles de la concentration, en lien avec son rôle dans la régulation des échanges électrolytiques neuronaux.

Certaines personnes rapportent des sensations de brouillard mental, de lenteur cognitive, voire une irritabilité accrue. Il a été proposé dans des études cliniques que la supplémentation en magnésium puisse favoriser une amélioration des fonctions cognitives légères comme l’attention ou la mémoire (Liu et al., 2016 ; Alateeq et al., 2023), mais ces effets restent à confirmer sur des populations plus larges.

Impact global sur la santé

Un déficit prolongé en magnésium peut affecter des fonctions physiologiques variées. Sa carence chronique pourrait fragiliser plusieurs systèmes, notamment l’ossature, le système cardiovasculaire, ou la digestion.

Des cas de nausées, de vertiges ou d’étourdissements ont été rapportés dans certaines situations de déficit sévère. Ces signes traduisent potentiellement un déséquilibre dans l’homéostasie électrolytique, c’est-à-dire l’équilibre des minéraux essentiels dans les liquides corporels.

Par ailleurs, des études cliniques exploratoires ont montré que le magnésium bisglycinate pourrait améliorer certains paramètres du sommeil (Abbasi et al., 2012), mais ces données ne permettent pas de formuler d’allégation validée à ce jour.

Ce qui est certain en revanche, c’est que les apports recommandés en magnésium (300 mg/j chez la femme, 380 mg/j chez l’homme) ne sont pas atteints par une large part de la population, et que cette situation mérite une vigilance accrue, notamment en cas de stress, de pratiques sportives soutenues ou de troubles digestifs récurrents.

Causes de la carence en magnésium

Le manque de magnésium n’est pas un accident ponctuel : il résulte souvent d’un déséquilibre entre les apports, les besoins et les pertes. Plusieurs facteurs peuvent interférer avec la biodisponibilité du magnésium et perturber son absorption ou son utilisation cellulaire. Certains sont liés au mode de vie, d’autres à l’alimentation, et parfois même à des traitements médicaux ou des états physiopathologiques spécifiques.

Apports alimentaires insuffisants

Aliments pauvres en magnésium

L’un des problèmes les plus fréquents aujourd’hui est l’appauvrissement de l’assiette en magnésium. Les aliments transformés, raffinés ou ultra-transformés, omniprésents dans l’alimentation moderne, en contiennent très peu. C’est le cas du pain blanc, du riz poli, des produits sucrés, ou encore de la plupart des plats préparés industriels. Même les végétaux ne sont plus aussi riches qu’autrefois : les techniques agricoles intensives ont appauvri les sols en minéraux, réduisant la teneur naturelle en magnésium des fruits et légumes.

Régimes alimentaires déséquilibrés

Certains régimes restrictifs, qu’ils soient à visée esthétique ou liés à des intolérances (sans gluten, véganisme mal conduit…), exposent à un risque accru de déficit. De même, une alimentation trop riche en calcium ou en phosphore peut perturber l’absorption intestinale du magnésium.

Dans les cas d’alcoolisme chronique, ou d’alimentation carencée sur le long terme, les réserves s’amenuisent plus vite qu’elles ne se reconstituent.

Facteurs de risque

Stress émotionnel et psychologique

Le stress, qu’il soit aigu ou chronique, augmente les pertes en magnésium, notamment par les urines. Cette fuite rénale est en partie liée à l’élévation du cortisol, l’hormone du stress. Ce phénomène a été bien documenté dans la littérature scientifique. Résultat : plus le stress dure, plus les besoins en magnésium augmentent… et plus la carence s’installe, alimentant un cercle vicieux. Dans un contexte de stress, les apports habituels peuvent devenir insuffisants pour maintenir un niveau optimal.

Maladies et médications affectant l’absorption

Certaines pathologies digestives chroniques comme la maladie cœliaque, la maladie de Crohn ou des diarrhées persistantes réduisent significativement l’absorption intestinale du magnésium. Mais d’autres affections comme le diabète mal équilibré ou les insuffisances rénales peuvent aussi perturber son métabolisme. Du côté des médicaments, plusieurs classes sont connues pour diminuer les niveaux de magnésium dans l’organisme : les inhibiteurs de la pompe à protons, les diurétiques ou encore les traitements à base d’aminoglycosides. Ces interactions justifient une vigilance particulière chez les personnes polymédiquées.

Âge et mode de vie

Personnes âgées

Avec l’âge, la capacité d’absorption intestinale diminue, alors même que les besoins peuvent augmenter, notamment en cas de troubles du sommeil, de douleurs chroniques ou de perte d’appétit. Chez les seniors, les apports alimentaires sont souvent insuffisants en quantité comme en qualité. Or le magnésium joue un rôle dans le maintien d’une ossature normale et dans le fonctionnement normal du système nerveux – deux enjeux cruciaux chez les personnes âgées.

Style de vie actif

Les personnes actives, en particulier les sportifs réguliers, peuvent perdre davantage de magnésium par la transpiration. À cela s’ajoute le rythme de vie intense, souvent accompagné de stress, de sommeil écourté et d’une alimentation rapide, peu propice à un bon statut minéral. Dans ce cas, les besoins peuvent être majorés, alors même que les apports ne suivent pas.

Moyens de prévenir et de résoudre une carence en magnésium

Corriger un déficit en magnésium ne passe pas nécessairement par une supplémentation systématique. La première ligne d’action reste l’alimentation, à condition qu’elle soit suffisamment dense sur le plan micronutritionnel. Lorsque ce n’est pas suffisant, ou dans certains cas cliniques spécifiques, les compléments alimentaires peuvent représenter une solution ciblée.

Alimentation riche en magnésium

Aliments recommandés

Les sources naturelles de magnésium sont bien identifiées : les oléagineux (amandes, noix, noisettes), les graines (lin, courge, chia), les légumineuses (lentilles, pois chiches), les céréales complètes, certains fruits de mer (bigorneaux, crevettes), ainsi que les chocolats noirs riches en cacao. À noter également : certaines eaux minérales riches en magnésium peuvent compléter les apports quotidiens de façon efficace.

Planification des repas

Une planification simple mais rigoureuse permet de maintenir un statut optimal : intégrer à chaque repas une source végétale complète, préférer les produits non raffinés, et penser à varier les types d’aliments riches en magnésium pour assurer une couverture large des besoins. Une portion de légumes secs, un fruit sec en collation, ou quelques carrés de chocolat noir peuvent suffire à améliorer significativement l’apport quotidien.

Compléments alimentaires

Types de compléments de magnésium

Toutes les formes de magnésium ne se valent pas. Les formes organiques chélatées comme le bisglycinate de magnésium sont souvent mieux tolérées et plus facilement assimilées que les formes inorganiques comme l’oxyde ou le magnésium marin. Le bisglycinate, en particulier, est lié à deux molécules de glycine, ce qui favorise son passage à travers la paroi intestinale sans effets indésirables fréquents (diarrhée, ballonnements). Certaines formules associent aussi le magnésium à de la vitamine B6 ou de la taurine, qui peuvent agir en synergie dans l’utilisation intracellulaire du magnésium.

Considérations sur le prix et l’efficacité

Le prix d’un complément ne garantit pas toujours son efficacité, mais un magnésium non tamponné (sans ajout d’oxyde) formulé sous forme de bisglycinate breveté (ex : Albion® Minerals) offre généralement un bon profil d’absorption et de tolérance. Les gélules végétales sont souvent préférées aux comprimés, car elles se dissolvent mieux et limitent les inconforts digestifs.

Consultation d’un professionnel de santé

Diagnostic approprié

Avant toute supplémentation, il peut être utile de faire le point avec un professionnel de santé. Un dosage du magnésium sanguin n’est pas toujours révélateur, car il ne reflète qu’une infime partie du magnésium corporel (la majorité étant intracellulaire). Le bilan clinique reste l’outil le plus pertinent : contexte de stress, troubles neuromusculaires, antécédents digestifs…

Suivi et évaluation

Dans les cas de carence avérée ou de troubles persistants, un suivi est nécessaire pour adapter les apports et évaluer l’évolution des symptômes. La forme galénique, le moment de la prise (souvent pendant les repas), et la durée d’utilisation doivent être individualisés. Certaines personnes observent une amélioration dès les premières semaines, d’autres nécessitent une prise prolongée pour rééquilibrer les niveaux tissulaires.

FAQ

Sources
  • European Food Safety Authority (EFSA). (2015). Scientific Opinion on Dietary Reference Values for magnesium. EFSA Journal, 13(7), 4186.
  • ANSES. (2016). Références nutritionnelles en vitamines et minéraux – Magnésium. (Apports satisfaisants : 300 mg/j femme, 380 mg/j homme.)
  • De Baaij, J. H. F., Hoenderop, J. G., & Bindels, R. J. (2015). Magnesium in man: Implications for health and disease. Physiological Reviews, 95(1), 1–46.
  • Jahnen-Dechent, W., & Ketteler, M. (2012). Magnesium basics. Clinical Kidney Journal, 5(Suppl 1), i3–i14.
  • Workinger, J. L., Doyle, R. P., & Bortz, J. (2018). Challenges in the diagnosis of magnesium status. Nutrients, 10(9), 1202.
  • Serefko, A., et al. (2013). Magnesium in depression. Pharmacological Reports, 65(3), 547–554.
  • Boyle, N. B., Lawton, C., & Dye, L. (2017). The effects of magnesium supplementation on subjective anxiety and stress—A systematic review. Nutrients, 9(5), 429.
  • Abbasi, B., et al. (2012). The effect of magnesium supplementation on primary insomnia in elderly: A double‑blind placebo‑controlled clinical trial. Journal of Research in Medical Sciences, 17(12), 1161–1169.
  • Liu, G., Weinger, J. G., Lu, Z.-L., Xue, F., & Sadeghpour, S. (2016). Efficacy and safety of magnesium‑L‑threonate for cognitive impairment: A randomized, double‑blind, placebo‑controlled trial. Journal of Alzheimer’s Disease, 49(4), 971–990.
  • Alateeq, K., Walsh, E. I., Cherbuin, N., & Anstey, K. J. (2023). Dietary magnesium intake is related to larger brain volumes and lower white matter lesions with notable sex differences. European Journal of Nutrition, 62(5), 2255–2268.
  • Cazzola, R., Manoni, M., & Iotti, S. (2020). Going to the roots of reduced magnesium dietary intake: A trade‑off between climate changes and sources. Heliyon, 6(11), e05390.

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