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Omega 3 et TDAH : Quel est le lien entre les deux ?

Omega 3 et TDAH : Quel est le lien entre les deux ?

Certains sujets font du bruit, d’autres méritent qu’on leur donne plus d’attention et aujourd’hui, je vous propose de zoomer sur l’un d’eux : le lien potentiel entre les oméga-3 et le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH).

À première vue, ça peut ressembler à une énième mode nutritionnelle, mais la science s’y intéresse sérieusement depuis plus de vingt ans, et les résultats sont loin d’être anecdotiques.

Qu'est-ce que le TDAH ?

Le TDAH, ou trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité, est un trouble neurologique qui touche environ 5 % des enfants dans le monde selon les études récentes (Chang et al., 2018). Ce trouble n’est pas simplement un manque d’attention occasionnel ou une agitation passagère. 

Il est caractérisé principalement par trois grands types de symptômes

  • une difficulté à maintenir l’attention sur une tâche,

  • une agitation excessive (on parle alors d’hyperactivité), 

  • et des comportements impulsifs, comme couper la parole ou agir sans réfléchir aux conséquences.

Cela peut ressembler à un simple manque de discipline, mais il s’agit d’un réel dysfonctionnement du cerveau, plus précisément de certaines régions impliquées dans le contrôle de soi, la régulation des émotions et la gestion de l’attention (Haute Autorité de Santé, 2024).

Impact sur le quotidien des enfants

L’impact du TDAH sur la vie quotidienne est souvent sous-estimé. Ces enfants ne sont pas simplement turbulents ou « tête-en-l’air », ils vivent fréquemment des difficultés sociales et scolaires, qui peuvent aboutir à une baisse de l’estime de soi, de l’anxiété ou même une dépression si le trouble n’est pas pris en charge correctement. À la maison, cela se traduit par des tensions fréquentes avec les parents ou la fratrie, car il est souvent difficile pour l’enfant de suivre des consignes simples ou de gérer son impulsivité. À l’école, l’impact peut être encore plus fort, l’enfant accumulant des retards dans les apprentissages ou rencontrant des difficultés à établir des amitiés durables.

Importance d'une prise en charge adaptée

Il est donc important de ne pas banaliser ces comportements et de considérer une prise en charge adaptée. Une approche efficace du TDAH combine souvent plusieurs méthodes, comme des thérapies comportementales, un accompagnement scolaire adapté et, dans certains cas, un traitement médicamenteux. Cependant, de nombreux parents sont réticents à recourir systématiquement à des médicaments et cherchent des approches complémentaires plus naturelles. C’est dans ce cadre qu’intervient l’intérêt croissant pour les compléments alimentaires, notamment les oméga-3, qui font aujourd’hui partie intégrante des réflexions des professionnels de santé .

Les oméga-3 : définition et types

Quand on parle d’oméga-3, on évoque une catégorie bien spécifique d’acides gras polyinsaturés. Contrairement à d’autres graisses que notre organisme peut fabriquer seul, les oméga-3 sont donc dits “essentiels”. Ils doivent donc être impérativement apportés par notre alimentation.

Types d'oméga-3 et leur importance

Il existe principalement trois types d’oméga-3 :

  • L’acide alpha-linolénique (ALA), présent essentiellement dans les végétaux, comme les graines de lin ou l’huile de colza.

  • L’acide eicosapentaénoïque (EPA) et l’acide docosahexaénoïque (DHA), présents principalement dans les poissons gras comme le saumon, les sardines, ou encore le maquereau.

Même si l’ALA est important, c’est surtout l’EPA et le DHA qui suscitent l’intérêt des chercheurs pour leur potentiel effet bénéfique sur le fonctionnement cérébral et notamment dans le contexte du TDAH.

Les mécanismes d'action des oméga-3 sur le TDAH

Les oméga-3 font parler d'eux depuis longtemps, mais pourquoi suscitent-ils autant d’intérêt dans le contexte précis du TDAH ?

Effets sur le cerveau et le comportement

Pour comprendre comment les oméga-3 peuvent agir, imaginez le cerveau comme un immense réseau électrique, où chaque neurone est une petite centrale reliée aux autres par des câbles très fins. Ces câbles sont en réalité les membranes des cellules nerveuses, composées en partie d’oméga-3, en particulier le DHA. 

Un déficit en DHA pourrait réduire la fluidité et l’efficacité de ces membranes, perturbant ainsi la bonne transmission des signaux chimiques appelés neurotransmetteurs (Chang et al., 2018). Parmi ces messagers chimiques, on trouve la dopamine, essentielle pour maintenir l’attention, gérer la motivation et contrôler l'impulsivité. 

Les chercheurs pensent que les enfants atteints de TDAH pourraient avoir des difficultés à transmettre correctement ce signal dopaminergique, en partie à cause d’un manque d’oméga-3 (Chang et al., 2019).

Quant à l’EPA, il aurait plutôt un rôle régulateur en réduisant potentiellement les phénomènes d’inflammation de bas grade dans le cerveau. Cette inflammation chronique, même légère, pourrait perturber l'équilibre chimique et électrique du cerveau et accentuer certains troubles du comportement comme l’impulsivité ou les difficultés d’attention. En clair, consommer suffisamment d’EPA pourrait, selon plusieurs recherches, limiter cette inflammation et ainsi favoriser un meilleur fonctionnement cérébral (Chang et al., 2019).

Influence sur les symptômes d'hyperactivité

Si les oméga-3 sont souvent mentionnés pour leur potentiel effet sur l’attention, qu’en est-il précisément de l’hyperactivité

Plusieurs études ont exploré cette question. Une méta-analyse récente menée par Bloch et Qawasmi (2011) a révélé que, même si l'effet des oméga-3 sur l'hyperactivité reste modeste comparé aux médicaments conventionnels, il pourrait néanmoins exister, surtout si la supplémentation est suffisamment dosée en EPA. 

Concrètement, cela signifie que certains enfants pourraient potentiellement devenir un peu moins agités et mieux réussir à gérer leur besoin constant de bouger après plusieurs semaines de supplémentation régulière en EPA et DHA. 

Un autre élément intéressant vient d'une étude menée par Chang et son équipe (2019), qui a testé l’effet d’une supplémentation très riche en EPA chez des enfants TDAH. 

Ils ont observé une légère diminution de l’impulsivité, mais seulement chez ceux ayant initialement des niveaux sanguins bas d’EPA. À l’inverse, les enfants qui avaient déjà un bon statut en EPA ont même vu leur impulsivité légèrement augmenter avec la supplémentation. 

Cela signifie clairement qu'une supplémentation en oméga-3 ne doit pas être systématique : elle pourrait apporter un éventuel bénéfice chez certains enfants bien identifiés, mais pas chez tous.

Études sur les effets des acides gras sur l'attention

C’est sans doute l’aspect le plus étudié et le mieux documenté : le potentiel des oméga-3 pour améliorer l'attention chez les enfants TDAH. Plusieurs essais cliniques rigoureux (des études dans lesquelles ni les enfants ni les chercheurs ne savaient si les participants recevaient un placebo ou un vrai supplément d’oméga-3) ont examiné cette question précise. Globalement, les résultats indiquent que les oméga-3 pourraient améliorer légèrement les capacités attentionnelles, même si cet effet reste moins spectaculaire que celui obtenu avec les médicaments habituels du TDAH.

Par exemple, dans leur méta-analyse, Bloch et Qawasmi (2011) ont relevé une amélioration modeste mais réelle de l'attention dans plusieurs études portant sur des enfants supplémentés en EPA à des doses élevées. 

De manière encore plus précise, l’essai clinique de Chang et collaborateurs (2019), réalisé sur 12 semaines avec une supplémentation quotidienne de 1200 mg d’EPA chez des enfants déficients en oméga-3, a démontré une amélioration notable de la vigilance et de l'attention soutenue chez ces enfants. 

Cela montre clairement que l'efficacité des oméga-3 dépend du statut initial de l’enfant en EPA : ceux qui manquent vraiment d’oméga-3 pourraient donc être les principaux bénéficiaires de cette supplémentation.

Sources alimentaires d'oméga-3

Dans la pratique, comment garantir un apport suffisant en oméga-3 chez votre enfant ? Les autorités sanitaires européennes recommandent un apport quotidien moyen d’au moins 250 mg d’EPA et DHA pour maintenir une fonction cérébrale normale. On peut atteindre ce chiffre facilement en intégrant régulièrement des poissons gras à l’alimentation, par exemple une à deux portions par semaine de saumon ou de sardines.

Pour ceux qui aiment moins le poisson, il existe aussi des alternatives végétales, riches en ALA, comme les graines de chia ou de lin. Néanmoins, ces sources végétales ne fournissent pas directement de DHA ou d’EPA mais plutôt de l'ALA, que le corps convertit difficilement en EPA et DHA. En clair, manger des noix ou de l’huile de lin est excellent pour la santé globale, mais ne suffit pas toujours à couvrir les besoins en EPA et DHA, essentiels à la santé du cerveau.

Enfin, les œufs enrichis en oméga-3 (issus de poules nourries aux graines de lin) ou les compléments alimentaires d’origine marine (huile de poisson purifiée ou huile d’algue pour les végétariens) sont aussi des options pratiques et simples pour compléter l'apport alimentaire en oméga-3 au quotidien.

Sources :

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